Godbout sort l’artillerie lourde pour garder son école

Par Charlotte Paquet 10 février 2016
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Baie-Comeau – Godbout prend les grands moyens pour assurer la survie de son école. La municipalité s’engage à remettre 2 000 $ en deux ans aux parents de tout nouvel élève inscrit, que la famille habite sur son territoire ou dans un village voisin.

À la dernière séance du conseil municipal, lundi, les élus ont entériné l’entrée en vigueur du nouveau Programme Accueil élèves-familles 2016-2020, renfermant diverses mesures incitatives pour attirer de nouveaux élèves. « Deux mille dollars par enfant, c’est quand même beaucoup pour une petite municipalité comme la nôtre, mais je pense que c’est ce qu’on doit faire. On espère que ça va nous coûter cher », insiste la mairesse Nicole Champagne, la voix enjouée.

En plus de remettre directement 1 000 $ par année par enfant pour une période de deux ans, la municipalité fournira gratuitement les repas du midi et assurera la surveillance. Mme Champagne croit que tout ça sera alléchant pour les parents.

Les écoles du secteur des Panoramas, à l’est de Baie-Comeau, sont en péril en raison du peu d’élèves qui les fréquentent. « Nous aussi, on est menacé de fermeture d’une année à l’autre et on ne se le cachera pas, ça se peut que ça ferme autour aussi », indique la mairesse de Godbout. En raison de la situation géographique de la municipalité, située entre Franquelin et Baie-Trinité, Mme Champagne milite en faveur de la revitalisation de l’école de son village.

Mme Champagne se défend bien de vouloir enlever des élèves aux deux autres écoles. « Le dépeuplement qui sévit sur la Côte-Nord nous oblige à prendre une position agressive. Notre survie en dépend. Nous en sommes là… Sans vouloir de mal à qui que ce soit, nous les accueillerons d’où qu’ils viennent », assure-t-elle.

Sursis après sursis

L’école Mgr-Labrie de Godbout bénéficie actuellement d’un sursis de deux ans qui prendra fin en juin 2017. Elle compte 10 élèves. Du côté de l’école Père-Duclos de Franquelin, le conseil des commissaires de la Commission scolaire de l’Estuaire (CSE) prendra position sur son avenir lors de la séance publique du 16 février. Est-ce qu’elle bénéficiera d’un autre sursis d’un an? Cela reste à voir.

À Baie-Trinité, même si l’école Saint-Joseph n’est pas ciblée directement par la CSE pour une fermeture, il n’en reste pas moins que son petit nombre d’élèves soulève de l’inquiétude pour son avenir. Elle en compte 20 cette année.

Le dépliant promotionnel du nouveau Programme Accueil élèves-familles sera distribué bientôt dans tous les foyers de Franquelin à Baie-Trinité. Parmi les mesures incitatives proposées, il y a aussi la remise d’un montant équivalent à la taxe de bienvenue à la famille (avec au moins un enfant) nouvellement emménagée de façon permanente à Godbout.

Réactions de surprise

À la Commission scolaire de l’Estuaire, le directeur général, Alain Ouellet, se montre surpris de l’orientation de la municipalité, même s’il savait que quelque chose se préparait. « Je suis surpris, mais en même temps, est-ce que je peux être contre une municipalité qui veut se prendre en main pour garder son école », affirme-t-il.

M. Ouellet trouve l’initative louable, mais se questionne sur les résultats qu’elle aura. « Mme Champagne veut beaucoup pour son milieu et c’est le moyen qu’elle a pris », note-t-il. Si de nouvelles familles s’installent à Godbout, c’est tant mieux pour la municipalité, selon lui.

Voilà quelques années, une analyse effectuée sur le maintien ou non des services éducatifs aux écoles de Franquelin et de Godbout avait amené les commissaires vers une solution différente. Dans le cas d’une éventuelle fermeture des deux écoles, les transferts des jeunes de Franquelin vers une école de Baie-Comeau et celui des jeunes de Godbout vers l’école de Baie-Trinité avaient plutôt été avancés.

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