Vésicules biliaires d’ours noirs : le réseau démantelé opérait en Haute-Côte-Nord

Par Charlotte Paquet 18 juillet 2018
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Le commandant Jasmin Larouche, de la Direction régionale de la protection de la faune, a parlé d’une opération de démantèlement d’une rare ampleur. Photo courtoisie

Baie-Comeau – Un réseau de braconnage impliqué dans  le commerce illégal de vésicules biliaires d’ours noirs, principalement dans les régions de la Côte-Nord  et du Saguenay-Lac-Saint-Jean, vient d’être démantelé. L’opération baptisée Pochette a mis un terme, mercredi, à une enquête amorcée en 2015 grâce à des frappes réalisées dans six villes, dont trois en Haute-Côte-Nord.

Dans la région, des personnes soupçonnées de participer au réseau ont été rencontrées dans les municipalités de Forestville, Les Escoumins et Grandes-Bergeronnes.

La Direction régionale de la protection de la faune a dressé un  bilan sur le coup de 14 h aujourd’hui. Le commandant Jasmin Larouche a confirmé que les 16 perquisitions réalisées depuis le début de la journée ont mené à l’identification de 33 suspects. Ils pourraient faire face à 121 chefs d’accusation et à des amendes de 328 000 $.

Les accusations sont notamment en lien avec la possession, la vente ou l’achat de vésicules biliaires d’ours noirs, le piégeage d’animaux à fourrure et la possession illégale d’ours noir. À elle seule, l’accusation liée au commerce de vésicules expose les braconniers à une amende variant entre 1 825 $ et 5 475 $ par chef.

Un nombre total de 64 personnes étaient visées, que ce soit comme témoins ou suspects potentiels, par l’opération Pochette. Quelque 160 agents de protection de la faune au Québec y ont participé, en plus de trois escouades canines.

Selon M. Larouche, le réseau de braconnage opérait à parts égales sur les territoires de la Côte-Nord et du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Les régions de la Mauricie et de Laval sont également concernées.

Pendant les trois années qu’a duré l’enquête, une centaine d’ours ont été illégalement capturés pour alimenter le réseau de revente de vésicules sur le marché asiatique. La vésicule biliaire de l’ours noir est très prisée par certains pour ses propriétés et ses vertus médicinales et aphrodisiaques.

Parfois les carcasses des bêtes ont été laissées sur place et d’autres fois prélevées pour y récupérer d’autres parties.

Un commerce lucratif

Tout comme le commerce de la drogue, le commerce de vésicules biliaires est très lucratif, a souligné le commandant.

Le prix obtenu est en fonction du poids de l’organe. Il se détaille à 10 $ le gramme, ce qui revient à dire que pour une vésicule considérée moyenne, l’individu à la base du réseau peut s’attendre à empocher de 80 à 250 $. Plus un individu grimpera dans les échelons du système, plus grand sera son gain.

Par la frappe de mercredi, la Direction de la protection de la faune veut laisser comme message que le Québec refuse d’être un acteur dans le commerce de vésicules biliaires, a martelé M. Larouche, tout en précisant que la possession, l’achat et la vente sont interdits depuis 1998.

En 2002, un réseau de braconnage avait été démantelé. Une certaine accalmie avait suivi. Des informations provenant de la population ces dernières années ont porté les agents à reprendre leur travail d’enquête. « On voit aujourd’hui que le réseau a eu l’occasion de se restructurer », a conclu le commandant Larouche.

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