Une initiative de la CNESST – Un accidenté du travail émeut les étudiants

Par Charlotte Paquet 7 octobre 2018
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Jonathan Plante lors de sa conférence à l’école Manikoutai de Sept-Îles. Photo Le Nord-Côtier

Jonathan Plante lors de sa conférence à l’école Manikoutai de Sept-Îles. Photo Le Nord-Côtier

Sept-Îles – Un homme devenu paraplégique à la suite d’un accident du travail a livré un puissant et vibrant témoignage au jeunes des polyvalentes de Sept-îles et Baie-Comeau la semaine dernière. Et si l’émotion pure avait un son, ce serait celui du silence des centaines d’élèves massés dans l’auditorium lors du passage du journal Le Nord-Côtier à l’école Manikoutai

Jonathan Plante, 38 ans, donne quelque 150 conférences par an. Il est drôle, énergique, parle de ses activités sportives et se déplaçait de long en large sur la scène de l’auditorium Louis-Jean-Cormier.

Avant, il roulait sur les autoroutes en moto sport à des vitesses vertigineuses. Il jouait au hockey du haut de ses 6 pieds 3 pouces, 220 livres. Il faisait des voyages de pêche, de la randonnée en montagne et une foule d’autres activités.

Maintenant, il roule sur les scènes en chaise roulante pour parler de santé et sécurité au travail dans les entreprises et les écoles. Il joue au hockey sur luge. Ses amis le transportent dans leurs bras lors de leurs voyages de pêche. Il fait du vélo adapté qu’il actionne avec ses bras.

Perte d’équilibre

Le 12 mars 2007 était une journée comme une autre. Le charpentier-menuisier est monté vers la charpente du toit d’un immeuble de deux étages en marchant sur une planche de 10 pouces de large.

En voulant déposer ses outils sur le toit, il a échappé des clous et a eu comme réflexe de tenter de les rattraper. Jonathan Plante, alors âgé de 26 ans, a perdu l’équilibre et a atterri sur le dos 15 pieds plus bas dans un grand « crack ».

Pour sauver 10 minutes

Ses collègues et lui estiment qu’ils auraient eu besoin d’environ 10 minutes pour construire une rampe d’accès sécuritaire avec un garde-corps.

Le verdict du chirurgien fut sans appel: fracture des vertèbres D-10 et D-11, moelle épinière sectionnée, paraplégie. Il ne remarcherait plus jamais.

Allumer une lumière

Le conférencier conserve maintes séquelles de son accident. S’il a accepté d’en parler à plus de 27 000 jeunes depuis quatre ans, c’est uniquement pour faire allumer une lumière chez les gens avant de se placer dans une situation à risque.

« Le but, c’est de provoquer une réflexion. Je n’ai vraiment aucun plaisir à partager mes séquelles avec vous autres. Je le fais par conviction », avertit-il.

Il ne peut plus marcher et ne peut plus sentir le bas de son corps. Il n’a plus aucun contrôle sur sa vessie, sur ses intestins et sur ses fonctions sexuelles. « Juste pour dire à quel point ça frappe fort. C’est l’orgueil, la fierté. C’est la dignité », martèle-t-il.

Heureux et comblé

Jonathan Plante se dit aujourd’hui heureux et comblé. Mais il ne peut s’empêcher de constater que la vie des gens autour de lui a complètement basculé. « Cette journée-là, ce n’est pas juste ma vie à moi qui a changé. »

Sa conjointe doit maintenant faire un paquet de petites choses de plus. Des choses banales, comme changer les ampoules.

Sa conjointe a aussi dû recourir à la fécondation in vitro plutôt que d’avoir le plaisir de concevoir leurs enfants dans la chambre à coucher.

Le couple, qui a fêté son 20e anniversaire cet hiver, a maintenant deux « petits miracles » de neuf ans et six ans, prénommés Maxime et Lili-Rose.

S’il peut faire plusieurs activités avec ses enfants, le jeune père doit aussi vivre avec une foule de petits moments crève-cœur, comme celui de ne pas pouvoir les embrasser sur le front le soir dans leur lit.

« Le 12 mars 2007, c’est le contrat que j’ai signé en voulant sauver 10 minutes », regrette Jonathan Plante.

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