Aldéric Jean s’offre Compostelle pour lancer sa retraite

Par Charlotte Paquet 10:00 AM - 11 septembre 2019
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Aldéric Jean aura marché 1 700 km en 70 jours sur le chemin de Compostelle entre Puy-en-Velay en France et Finistera en Espagne. Photos courtoisie

Aldéric Jean voyait arriver sa retraite avec beaucoup d’appréhension et dans son esprit, une transition s’imposait avant de commencer sa nouvelle vie. Ce passage, il l’a réalisé avec une marche de 1 700 km sur le chemin de Compostelle, rien de moins!

Le Baie-Comois de 57 ans, qui vient de mettre fin à une carrière de 32 ans comme mécanicien d’appareillage chez Hydro-Québec, a consacré 70 jours à son projet, de la mi-avril au début de juillet. Le 1er mai 2019, date officielle de sa retraite, il était déjà en France à marcher sur le plus vieux des nombreux chemins menant à Compostelle et à écouler ses deux dernières semaines de vacances.

« Compostelle, ça faisait un petit bout que ça me travaillait. Je suis allé à une rencontre et ça m’a convaincu », explique celui qui avait retardé sa retraite de deux ans parce qu’il ne se sentait pas prêt. Sachant pertinemment que le pèlerinage sur le chemin de Compostelle était quelque chose d’exceptionnel, il s’est lancé sur la route à pieds joints afin de vivre autrement ce passage à la retraite. Et autrement tient sûrement ici d’un euphémisme.

Dans son entièreté

Aldéric Jean a choisi de franchir le chemin de Compostelle dans son entièreté, soit sur les 1 700 km qui séparent Puy-en-Velay en France jusqu’à à Finistera en Espagne. Cette ville est éloignée d’une centaine de kilomètres de la mythique cathédrale Saint-Jacques-de-Compostelle, lieu de destination des pèlerins.

« La plupart du monde va faire jusqu’à Saint-Jacques, mais moi rendu là, j’avais encore du temps », raconte le marcheur, qui a décidé de se rendre à la toute fin du fameux chemin. Ça lui aura pris trois jours pour l’atteindre, un monument portant l’indication 0,000 km en faisant foi.

Interrogé sur les sentiments qui l’ont envahi lorsqu’il a aperçu et atteint la cathédrale mythique, il avoue avoir été ébloui. « C’est l’effervescence. Il y a beaucoup de monde. C’est un accomplissement, mais je ne l’ai pas nécessairement senti comme ça, car il me manquait de quoi », dit-il, en faisant référence à l’atteinte de la véritable limite du chemin à Finistera et son cap qui donne sur l’océan.

Trente km par jour

Pendant son aventure, Aldéric Jean a marché en moyenne 30 km par jour, mais a tout de même connu des pointes à 45 km, particulièrement en Espagne.

Ses 1 700 km ont été partagés passablement à parts égales entre la France et l’Espagne. Il a adoré son périple en sol français où, souligne-t-il, tout est plus facile pour les marcheurs en raison du nombre élevé de gîtes et couverts. Du côté espagnol, c’était différent.

« En France, j’y retournerais demain matin pour l’aspect chemin. C’est plus relaxe, plus paysan et plus à travers le monde. En Espagne, c’était comme une course. Les gens partaient tôt pour arriver les premiers aux gîtes. Ce n’était pas la même ambiance », avoue le nouveau retraité.

S’il a décidé de faire le chemin en une seule étape de 70 jours, d’autres, souvent des gens sur le marché du travail, vont choisir de le franchir en différentes étapes échelonnées sur quelques années. « C’est pas mauvais, car tu apprends », avoue celui qui a d’ailleurs appris à la dure que de traîner sur son dos des bagages pesant 20 livres, c’était exagéré. La plupart des gens qu’il a rencontrés se limitaient à un poids de 8 à 10 livres.

Mission accomplie

De retour au bercail depuis deux mois, Aldéric Jean affirme être revenu, cette fois-ci, avec un sentiment d’accomplissement, celui « d’avoir fait ma transition pour la retraite ».

Il trouve cependant encore difficile l’atterrissage, expression consacrée du retour des pèlerins à la vie de tous les jours. « Je me l’étais fait dire que ce n’était pas facile avec tout ce que tu vis là-bas. Tu es comme dans un autre monde, il n’y a rien de pareil », assure-t-il.

Ce grand athlète, qui a notamment deux Ironman et plusieurs demi-Ironman à son actif, éprouve de la difficulté à retrouver son rythme d’entraînement soutenu, hormis pour la natation qu’il affectionne particulièrement. Il sait que les choses vont se replacer et qu’il faut juste laisser le temps au temps.

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