Pascan : un manque à gagner de 80 000 $ à l’aéroport

Par Charlotte Paquet 1:01 PM - 21 janvier 2020
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L’abandon de la desserte de Baie-Comeau par le transporteur Pascan entraînera un manque à gagner de 80 000 $ dans le budget annuel de l’aéroport, selon le préfet de la MRC de Manicouagan, Marcel Furlong.

L’abandon de la desserte de Baie-Comeau par le transporteur Pascan créera un trou important dans le budget de l’aéroport, qui perdra 80 000 $ de revenus par année.

« C’est une grosse perte pour nous », lance Marcel Furlong, préfet de la MRC de Manicouagan. L’organisme est propriétaire de l’aéroport de Baie-Comeau à Pointe-Lebel.

Un manque à gagner de 80 000 $, c’est beaucoup d’argent, insiste M. Furlong en rappelant que, mise à part l’année 2019, l’opération de l’aéroport a toujours été déficitaire. Le redressement de la situation est temporaire puisqu’il s’explique par les navettes aériennes instaurées par la Société des traversiers du Québec en raison des problèmes à la traverse Matane-Côte-Nord.

Le préfet s’attend cependant à ce qu’une partie des quelque 300 passagers annuels dénombrés sur la liaison Baie-Comeau-Sept-Îles avec Pascan se tournent vers la compagnie Air Liaison, ce qui apportera un peu d’eau au moulin pour l’aéroport.

Selon M. Furlong, l’offre de service de Pascan et d’Air Liaison est similaire pour la liaison entre les deux villes nord-côtières avec des heures de départ de Baie-Comeau à 8 h 05 et 8 h 15 et des heures d’arrivée à 18 h 30 et 17 h 15. « Il y avait un genre de duplication », admet le préfet, qui ajoute que le retrait d’un joueur aura sûrement un effet positif sur la rentabilité de l’autre.

Rappelons que la Côte-Nord parle d’une même voix pour l’amélioration les dessertes aériennes sur son territoire. Des démarches sont en cours et l’idée de la création d’une coopérative de transport aérien n’est pas exclue.

« Une tuile de plus »

Pour sa part, le président de la Chambre de commerce de Manicouagan, Antonio Hortas, affirme que la nouvelle de l’abandon de Baie-Comeau par Pascan est d’une « tristesse absolue » et « une tuile de plus dans l’accessibilité au territoire ».

M. Hortas est d’avis que les déboires de la traverse Matane-Baie-Comeau-Godbout et « l’exiguïté des horaires d’Air Canada » étaient amplement suffisants déjà sans venir en rajouter.

Même s’il dit respecter cette décision d’affaire de Pascan, le président s’interroge cependant sur les raisons pour lesquelles l’entreprise n’a pas jugé bon de contacter le milieu socioéconomique de la Manicouagan pour vérifier si une solution aurait pu permettre d’éviter le pire. « C’est un peu malheureux comme approche en 2020 », précise celui qui, depuis l’annonce, s’est entretenu au téléphone avec le copropriétaire de l’entreprise, Yani Gagnon. Il doit d’ailleurs le rencontrer à son bureau au début de février.

Quant au faible nombre de passagers de Pascan, soit une soixantaine par mois, M. Hortas croit qu’avec « un marketing précis et un bon prix », il aurait été possible d’aller en chercher davantage. Il rappelle qu’à 900 $ le billet pour un aller-retour entre Baie-Comeau et St-Hubert, où se trouve la base du transporteur dans la région montréalaise, cela représente l’équivalent d’environ 1 500 $ bruts en revenus de travail pour un voyageur.

Réaction du Bloc

Le Bloc québécois ajoute sa voix à ceux qui déplorent l’arrêt de service de Pascan tant à Baie-Comeau qu’à Val-d’Or et à Rouyn-Noranda. Il réclame l’intervention du ministre fédéral des Transports, Marc Garneau.

« Il s’agit d’une immense perte pour les gens de la Côte-Nord et de l’Abitibi-Témiscamingue qui perdent l’un des seuls compétiteurs d’Air Canada pour les vols régionaux », lance le porte-parole en matière de transport, Xavier Barsalou-Duval.

Selon ce dernier et les députés bloquistes de Manicouagan, Marilène Gill, d’Abitibi-Témiscamingue, Sébastien Lemire, et d’Abitibi-Baie-James-Nunavik-Eeyou, Sylvie Bérubé, le ministre Garneau « doit s’asseoir avec les acteurs du transport aérien régional afin d’éviter un monopole d’Air Canada qui est inévitablement coûteux pour les usagers ».

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