La protection des berges à Pointe-aux-Outardes franchit une importante étape

Par Charlotte Paquet 6:00 AM - 22 mars 2021
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Après 20 ans de démarches, Pointe-aux-Outardes vient d’octroyer un contrat de 10,3 M$ à la firme Jean Fournier pour des travaux de protection des berges qui s’amorceront au début du mois de juin. Photo courtoisie

Le projet de protection des berges à Pointe-aux-Outardes franchit une étape cruciale avec l’octroi d’un contrat de 10 328 532 $ à la firme Jean Fournier, de Baie-Comeau, pour des travaux de recharge de plage qui s’amorceront au début juin pour se terminer quelque part en décembre.

Après 20 longues années de démarches, la municipalité voit donc enfin la lumière au bout d’un immense tunnel grâce à l’obtention du dernier certificat d’autorisation attendu, celui de Pêches et Océans Canada, le mercredi 17 mars. Un mois plus tôt, le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques l’avait déjà autorisée à procéder.

« Ça aura pris cinq conseils municipaux, quatre maires, une foule d’études et deux comités de citoyens pour arriver à ça », a lancé le maire Serge Deschênes, heureux et soulagé à la fois que la première pelletée de terre soit à portée de main.

Même s’il est forcé de démission de ses fonctions le 2 avril étant donné la vente de sa résidence de Pointe-aux-Outardes et son déménagement à Baie-Comeau (voir texte page 14), M. Deschênes affirme avoir fait promettre au conseil municipal qu’il sera parmi les invités à la cérémonie symbolique de juin.

Un mégachantier

Comme le souligne le maire, un mégachantier s’en vient pour Pointe-aux-Outardes avec d’imposants travaux de recharge de plage uniques sur la Côte-Nord.

L’ampleur des interventions à réaliser dans le secteur est de la rue Labrie est incontestable. Elles couvriront une distance de 1,3 km de littoral, à partir d’une zone située à 200 mètres à l’est du vieux quai. Serge Deschênes souligne que 22 000 voyages de camions seront nécessaires pour le transport de matériel granulaire jusqu’à Pointe-aux-Outardes. À titre d’exemple, il en avait fallu 10 000 à Percé, en 2017, pour des travaux de recharge de plage.

Le banc d’emprunt sera situé à Manic-2. C’est là que l’entrepreneur ira chercher le matériel de recharge pour l’acheminer à bon port sur une distance d’une quarantaine de kilomètres. « Ça va demander du tamisage. Des mélanges seront faits pour arriver avec la granulométrie nécessaire pour résister aux vents et aux marées », explique le maire.

La protection des berges vise à stopper l’érosion qui gruge la falaise et met en danger cinq propriétés. « Si on attendait quelques années encore, on aurait été obligé de déplacer des maisons », affirme M. Deschênes.

Le ministère de la Sécurité publique (MSP) verse 9 759 432 $ M$ pour financer les travaux de protection. La part de la municipalité s’établit à 569 100 $, ce qui comprend les frais engendrés en 2011-2012 pour le déplacement d’un tronçon de la rue Labrie ainsi que le déménagement et la démolition de quelques résidences.

La science à la rescousse

Les travaux de recharge de plage à Pointe-aux-Outardes seront du jamais vu à la grandeur du Québec. « C’est le dossier dans lequel la science est allée le plus loin. (…) On est vraiment un chef de file », assure le maire, en donnant suite aux constats du MSP. Il rappelle d’ailleurs l’importante contribution de la Chaire de recherche en géoscience côtière de l’Université du Québec à Rimouski dans le projet.

Les interventions réalisées dans la petite localité de la péninsule Manicouagan pourraient apporter des solutions ailleurs. M. Deschênes pense notamment aux Îles-de-la-Madeleine, où l’érosion menace dangereusement le site historique de La Grave.

Enfin, toujours selon le maire, le service d’ingénierie de la Fédération québécoise des municipalités, instauré en 2019, a développé une expertise en matière de protection des berges et s’est fait la main avec le dossier de Pointe-aux-Outardes. « On a été les premiers clients du service », conclut-il.

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