Une première vraie fiction pour Sylvie Drapeau avec Le jeu de l’oiseau

Par Colombe Jourdain 6:00 AM - 29 janvier 2022
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Sylvie Drapeau présente ces jours-ci son cinquième roman, Le jeu de l’oiseau. Photo courtoisie

Un moment vécu dans la cour d’école et qui l’a marqué tant elle y a ressenti un profond malaise est la prémisse du nouveau roman de Sylvie Drapeau, Le jeu de l’oiseau, sur les tablettes des librairies depuis le mercredi 26 janvier.

Dans ce souvenir de l’artiste originaire de Baie-Comeau, des jeunes filles parlaient d’une femme battue avec mépris. « Même si j’étais jeune, j’avais senti l’incongruité de cette réflexion-là. Elle n’a pas dit : t’es allée manger chez un homme qui bat, c’est dégueulasse mais plutôt chez une femme battue, c’est dégueulasse », se remémore l’écrivaine qui voulait aller à la rencontre de ce préjugé avec ce livre.

Sylvie Drapeau admet que ce roman est une pure fiction contrairement à sa tétralogie (le fleuve, le ciel, la terre et l’enfer) où l’écrivaine avait puisé dans les souvenirs de son enfance et sa famille pour l’écriture de ces quatre récits.

« C’est vrai, les premiers livres étaient inspirés de ma famille mais cette fois-ci, non. C’est vraiment une invention, mais une invention qui prend sa source dans le malaise que j’avais éprouvé, le jugement sur cette femme battue. Les nouvelles ont explosé sur la violence conjugale durant la pandémie », évoque encore l’écrivaine et comédienne de théâtre.

 « Parce qu’écrire, c’est déjà être confiné. Pour écrire, il faut se confiner », souligne l’artiste qui a profité de la pandémie pour se mettre à l’écriture à temps plein. « Quand j’écris, ce n’est pas en attendant d’être comédienne, j’écris et j’oublie que je suis comédienne, c’est le fun d’oublier ça parce que quand je vais y revenir, ça va être juste wow! ».

Sylvie Drapeau a joué son dernier spectacle en 2020 mais espère remonter sur les planches pour jouer du Shakespeare au printemps 2023, à l’usine C à Montréal.

Même si elle avoue que sa région ne lui manque pas tant, Sylvie Drapeau reconnait tout de même que « la Côte-Nord, c’est sûr que je l’ai dans le sang ». Elle ajoute : « là d’où on vient, ça nous marque, ça nous habite. On dirait qu’on traîne avec soi le territoire. Où qu’on soit. On le porte en soi et c’est une source d’inspiration intarissable, surtout la Côte-Nord, c’est tellement fabuleux ».

Elle affirme encore haut et fort que « le fleuve, l’air, les montagnes, je n’aurai pas assez d’une vie pour occuper ce territoire-là ». Elle peut le nier mais l’éloquence avec laquelle elle parle de sa Côte-Nord la trahit tout de même un peu.

Un peu de Saint-Georges

Mme Drapeau mentionne que son roman pourrait se passer n’importe où. Effectivement, une usine d’aluminium, ça peut se trouver dans plusieurs villes industrielles du Québec. Mais quand elle écrit le petit centre d’achats sur la rue qui mène à l’usine, avec le dépanneur, le bar-resto-hôtel avec les danseuses, où il est impossible de voir à l’intérieur parce que les fenêtres sont recouvertes de carton, l’escalier pour descendre au dépanneur, ça finit par ressembler au quartier Saint-Georges, à l’époque où elle y vivait, enfant.

Durant l’adolescence, elle voulait devenir écrivaine. Ayant fait des études en lettres au cégep, elle s’est inscrite en études littéraires à l’université. Toutefois, son parcours devait bifurquer puisqu’elle a abandonné la littérature pour l’école de théâtre.

« Vers 48 ans, j’avais un rendez-vous avec l’écriture et je l’ai honoré. Des fois, ça prend du temps avant qu’on ose rencontrer nos rêves, ça prend du temps mais il n’est jamais trop tard », lance l’artiste. Sinon, elle admet avoir d’autres projet d’écriture sur le feu.

Le langage poétique de Sylvie Drapeau est présent dans toutes ses œuvres. Par contre, elle ne prévoit pas faire incursion dans l’écriture et la publication de poésie. Elle préfère la lire. « J’ai lu Mes forêts d’Hélène Dorion, qu’un de mes fils m’a offert pour Noël, et j’ai tellement aimé ça ».

Celle qui dit « se laisser porter par nos nouvelles vies » confie en conclusion qu’elle laisse Le jeu de l’oiseau, « prendre son envol ».

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