L’âge n’est pas un frein pour pratiquer la nage synchronisée

Par Charlotte Paquet 6:00 AM - 22 février 2023
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Claire Gagné, 60 ans, Ellen Ward, 53 ans, France Poirier, 62 ans, et Diane Chouinard, 52 ans, pratiquent la nage synchronisée depuis plusieurs années, bien que ce sport soit plutôt associé à la jeunesse.

La plus âgée a 62 ans et la plus jeune 52 ans, mais toutes quatre vouent une passion surprenante pour un sport, tant il est associé à la jeunesse. Quel est-il? On vous le donne en mille : la natation artistique, ou la nage synchronisée si vous préférez.

France Poirier, 62 ans, Claire Gagné, 60 ans, Ellen Ward, 53 ans, et Diane Chouinard, 52 ans, se donnent rendez-vous à la piscine deux fois par semaine, à raison d’une heure par séance, pour pratiquer leur routine d’abord à l’extérieur de l’eau, puis dans l’eau, comme les plus jeunes. Anne-Marie Villeneuve, la fille de France et ancienne nageuse synchronisée, les entraîne depuis sept ans.

France Poirier, Ellen Ward, Diane Chouinard et Claire Gagné apportent la preuve que la nage synchronisée, ce n’est pas que l’affaire des jeunes.

Les quatre femmes évoluent dans la catégorie des maîtres au sein du club Les Hippocampes de Baie-Comeau, le seul club de la Côte-Nord à compter cette catégorie. Cinq autres nageuses de 18 à 28 ans en font partie.

Voici les femmes formant la catégorie des maîtres du club Les Hippocampes de Baie-Comeau, dont font partie les nageuses artistiques de plus de 50 ans.

Des maîtres, il n’y en a pas toujours eu à Baie-Comeau. Dans les faits, elles sont nées il y a 22 ans à l’initiative de France Poirier et Claire Gagné, deux mamans de nageuses qui un jour, un peu par défi, se sont jetées à l’eau, au sens propre comme au figuré. « On s’est dit : on essaye-tu ça? », se souvient la première.

Une entraîneuse a accepté de leur monter un cours et d’une session à l’autre, elles n’ont jamais arrêté de nager. Au fil des ans, d’autres mamans de nageuses se sont jointes à elles, notamment Ellen Ward et Diane Chouinard, qui pratiquent la nage synchronisée respectivement depuis 13 et 10 ans.

De plus jeunes de 18 ans et plus ont aussi intégré les maîtres.

Bénéfices immenses

Les bénéfices apportés par ce sport sont indéniables pour les quatre doyennes. « C’est plaisant et ça nous tient en forme. Ça prend beaucoup beaucoup de souffle. Si on arrête, on ne sera pas capable de recommencer, c’est vrai », raconte Claire Gagné, le ton assuré.

« Ce que j’aime de la synchro, c’est qu’il y a de la musique, c’est entraînant et on nage en même temps. On a toujours des musiques assez pépé », renchérit France Poirier.

On aperçoit à l’oeuvre les nageuses de la catégorie des maîtres.

Mais il y a plus encore, notamment pour faire travailler sa mémoire avec les différents mouvements des routines. « On ne veut pas déplaire aux plus jeunes qui l’ont du premier coup. On se force », reprend Claire Gagné, rappelant que tout juste avant la pandémie, « les plus jeunes nous ont eues avec une folie, elles nous ont amenées en compétition ».

À Québec, les maîtres des Hippocampes ont décroché la médaille de bronze en prenant la troisième place sur trois, mais quelle belle expérience ce fut, selon leur entraîneuse qui ne manque pas de noter que les deux autres équipes étaient constituées de beaucoup de femmes qui faisaient de la nage synchronisée depuis leur jeunesse.

Un sport complet

« J’ai appris à connaître ce sport-là. Je trouve que c’est complet comme entraînement. On n’a pas le choix d’être en forme physiquement parce que faire une routine, avoir la tête dans l’eau, retenir son souffle, on n’a pas le choix de s’entraîner, donc de faire de la natation », précise Diane Chouinard, qui a le bonheur de nager avec sa fille Jasmine chez les maîtres.

La plus jeune des quatre doyennes a fait de la natation pendant de nombreuses années avant de se blesser et se tourner ensuite vers la nage synchronisée. Mais, insiste-t-elle, n’eût été la présence du duo Poirier-Gagné à une certaine séance d’inscription, et de son invitation à se joindre à elles, peut-être n’aurait-elle jamais pratiqué ce sport.

Un sport qu’elle a appris à aimer, entre autres parce qu’il permet aussi de développer sa coordination au rythme de la musique et qui exige un travail d’équipe, contrairement au sport individuel qu’est la natation.

Pour sa part, Ellen Ward, la deuxième quinquagénaire du quatuor, s’est lancée dans la pratique de ce sport sur un coup de tête, comme elle le dit.

« Quand ma fille a commencé la nage synchro, j’ai fait : ah, j’ai toujours voulu faire ça. Je ne sais pas pourquoi je me suis dit ça à ce moment-là », ajoute-t-elle, blagueuse, sous les rires de ses compagnes.
La présence de France Poirier et Claire Gagné à la première inscription de sa fille a aussi été une source d’inspiration pour elle. « Si ça n’avait pas été d’elles, peut-être que je ne me serai pas inscrite », reconnaît Ellen Ward.

Mère et fille ont donc commencé la nage synchronisée au même moment et 13 ans plus tard, ça se poursuit pour les deux.

Des « madames » inspirantes pour les jeunes

S’il y a un qualificatif qui sied parfaitement aux « madames » du groupe des maîtres en nage synchronisée, c’est bien celui de modèle, comme le confirme Évelyne Pelletier, 23 ans.

« Clairement, moi, je trouve que c’est des modèles de savoir que rendues à cet âge-là, on peut encore faire le sport qu’on aime », note la jeune femme.

Les quatre doyennes du groupe sont une inspiration pour les plus jeunes. On reconnaît Claire Gagné, Ellen Ward, France Poirier et Diane Chouinard et, à leur gauche, Jasmine Tremblay, Koralie Fréchette, Myriam Parker, Évelyne Pelletier et leur entraîneuse Anne-Marie Villeneuve.

Peu importe l’âge des nageuses, les mouvements à faire dans les routines sont les mêmes. « Les ‘’madames’’ font exactement ce qu’on fait, les plus jeunes. Il n’y a aucun changement à ce niveau-là », poursuit Évelyne, dont l’utilisation de l’expression « madames » fait sourire ses compagnes plus âgées.
Donc, autant les plus jeunes du groupe sont une inspiration pour les plus âgées quand vient le temps de se dépasser, autant le contraire est vrai.

Reste maintenant à savoir si les cinq « jeunesses » du groupe, dont l’âge varie de 19 à 28 ans, seront suffisamment inspirées par leurs modèles pour nager encore lorsqu’elles auront atteint la cinquantaine ou la soixantaine? Pour sa part, leur porte-parole semble bien déterminée à suivre cette voie.

De l’humour et des Championnats du monde

(CP) lI n’y a pas à dire, l’humour est de mise chez les maîtres du club Les Hippocampes, notamment du côté de leur entraîneuse, Anne-Marie Villeneuve.

Alors que la représentante du journal Le Manic demandait aux quatre vétéranes si elles pensaient poursuivre sur leur lancée encore longtemps, Anne-Marie a répondu tout de go avec un large sourire aux lèvres : « Les championnats du monde! » Évidemment, pareil objectif a fait s’esclaffer les nageuses.

L’entraîneuse Anne-Marie Villeneuve a fait la démonstration d’un bon sens de l’humour en parlant des Championnats du monde comme objectif pour son groupe.

Mais trêve de plaisanterie, France Poirier a répondu que tant que le groupe existera, elle compte en faire partie.

Fait à noter, lors des Championnat du monde des maîtres, il y a plusieurs catégories d’âge, dont celle des 50 à 64 ans. Comme l’a souligné Claire Gagné, puisque le groupe des maîtres réunit les 18 ans et plus, les nageuses plus âgées n’auraient aucune chance face aux plus jeunes.

Élise Villeneuve, la fille de France Poirier, a participé aux Championnats du monde des maîtres en nage synchronisée à Budapest en 2017. Elle nageait alors avec un club de maîtres de Montréal.

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