Se déplacer à fauteuil roulant à Baie-Comeau

Par Karianne Nepton-Philippe 5:00 PM - 4 juillet 2023 Initiative de journalisme local
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Marie-Josée Murray et Stéphanie Jourdain.

« Oui, la ville est accessible », déclare Marie-Josée Murray, qui peut circuler et se déplacer comme bon lui semble en fauteuil roulant à Baie-Comeau. Rien n’est parfait selon elle, il reste tout de même des points à améliorer. 

Il faut tout d’abord savoir qu’il y a quelques semaines, le Journal s’est intéressé à l’accessibilité des municipalités et des commerces pour les personnes atteintes d’un handicap physique. 

Lors de la Semaine québécoise des personnes handicapées, les intervenants des organismes dédiés à cette clientèle ont sillonné la Manicouagan et la Haute-Côte-Nord pour féliciter les organisations pour leurs efforts en matière d’accessibilité. 

Pour Marie-Josée Murray, qui a malheureusement hérité d’un fauteuil roulant à la suite de l’écrasement d’un hélicoptère en 2009, c’est un bonheur de constater l’adaptation au fil des ans des commerces ou des entreprises pour les gens ayant plus de difficulté à se déplacer. 

Je m’adapte 

Mme Murray reste réaliste quand vient le temps de donner son opinion sur le sujet. C’est en fait parce qu’elle est capable de se débrouiller avec des béquilles. Elle peut aussi conduire sa voiture adaptée avec des pédales manœuvrées par les mains. 

« Vu que je peux me débrouiller avec des béquilles, personnellement, ça va. Mais je peux comprendre que pour une personne pas capable de débarquer de sa chaise, il y a encore des obstacles », explique-t-elle. 

Des détails

En revanche, tous les petits obstacles, en termes de construction pour accéder à des immeubles, ne restent que des détails. Marie-Josée Murray constate les bons coups, par exemple du côté de la Maison de la faune. « La largeur des portes et le seuil des portes, c’est parfait », mentionne-t-elle. 

Ensuite, au Centre des arts, la collaboration est soulignée par la femme. Même si une rampe a été installée, il y a eu des petits ajustements à faire. « Au ballet à ma fille le dimanche matin, la porte était barrée », donne-t-elle en exemple, tout comme le déneigement l’hiver. 

Même chose à l’école secondaire Serge-Bouchard. Pour se rendre à la piscine la fin de semaine, la porte d’accès aux personnes handicapées était barrée. « Une fois qu’on leur fait penser, c’est vite modifié », indique Stéphanie Jourdain, directrice générale de l’Association des handicapés adultes de la Côte-Nord. 

Le déneigement l’hiver a déjà aussi posé quelques complications pour Marie-Josée Murray dans des stationnements. « Souvent, il y a des propriétaires [d’immeubles] qui enlevaient les poteaux pour donner meilleur accès au déneigeur », indique-t-elle faisant référence aux places de stationnement réservées. 

Toutefois, aujourd’hui les places réservées sont généralement peintes en bleu, ce qui pose moins problème. « J’ai fait des plaintes à certains endroits », mentionne-t-elle. 

Un transport qui devrait être mieux adapté

Parmi les obstacles encore rencontrés par la clientèle, Stéphanie Jourdain pointe le transport adapté. Selon elle, à certaines occasions, « ce qui manque c’est le transport en taxi adapté ».

« Avec le transport adapté en ce moment, il faut que tu prévoies 24 heures à l’avance tes déplacements », explique-t-elle. « Mais si tu décides que tu veux aller au cinéma et tu es en fauteuil roulant, tu ne peux pas appeler un taxi pour aller au cinéma et revenir chez toi après », ajoute-t-elle. 

Mme Jourdain se rappelle d’une personne ayant pris le transport adapté pour un rendez-vous médical. « Quand il sort, le rendez-vous a été plus long, donc il a manqué son transport. Pogné là, sans option de taxi », raconte-t-elle. Un bon samaritain est venu la chercher en camionnette, mais pas adaptée. 

« Ils ont forcé en malade sur cette personne-là pour l’embarquer dans la voiture. Mais ce sont des risques, par exemple, de blessures », dit Mme Jourdain. Cette dernière indique : « C’est clair qu’il y a des besoins, mais les gens ne le demandent pas. »

« Ça prendrait un chauffeur de taxi qui décide d’avoir une van adaptée. Mais ça, c’est difficile. Ça prend aussi une formation », explique-t-elle.  Marie-Josée Murray exprime pour sa part : « Moi, je peux prendre ma voiture aujourd’hui, mais je sais que lorsque je serai plus vieille, je vais devoir prendre le transport adapté moi aussi. »

Une panoplie de ressources

« L’association d’handicapés m’a tout de suite donné une chance au début », lance Mme Murray, qui y est impliquée depuis huit ans. « Nous, l’association, ça existe depuis 1978, mais il y a des volets qui se sont ajoutés au fil des années », explique Stéphanie Jourdain. 

Comme cette dernière l’expliquait récemment au Journal, il est possible pour tous de trouver une porte où cogner afin d’obtenir de l’aide ou d’être redirigé au bon endroit. 

Marie-Josée Murray a d’ailleurs profité de plusieurs prêts d’équipements spécialisés dans plus d’un organisme. « Il y a 10 ans, c’était déjà bien et ça s’est amélioré », précise-t-elle. 

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