Jeune fille baie-comoise autiste : Où est la place de Sarah ?

Par Anne-Sophie Paquet-T. 12:00 PM - 8 novembre 2023
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Frankline Assouho a ouvert les portes de sa maison pour raconter sa réalité de maman d’une enfant atteinte du trouble du spectre de l’autisme. Photo Anne-Sophie Paquet-T

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Une mère de Baie-Comeau déplore le manque de possibilités pour sa fille de huit ans atteinte d’un trouble du spectre de l’autisme (TSA) sévère. Frankline Assouho, dont l’horaire ressemble à un casse-tête, se sent à bout de souffle quant à cette réalité exclusive pour son enfant.

Sarah est une enfant TSA comprenant une atteinte sévère de la communication sociale, d’importantes rigidités, des stéréotypies et une atteinte fonctionnelle sévère. « On ne peut pas comprendre ce qui se passe dans sa tête et ce qu’elle vit », comme le dit si bien sa maman Frankline Assouho. 

Son diagnostic est tombé dès l’âge de trois ans. Elle a été prise en charge par le Centre de réadaptation l’Émergent de Baie-Comeau, et ce, presque tous les jours afin d’être prête à intégrer un établissement scolaire.

« Ils ont fait un travail miraculeux », souligne la maman de la jeune fille parlant en partie de la travailleuse sociale qui accompagne Sarah et sa famille depuis le tout début.

« J’étais tellement fière d’elle. Chaque banalité pour un enfant neurotypique était une véritable victoire pour Sarah », se rappelle Mme Assouho avec émotion. « Elle est passée d’une enfant qui ne comprenait pas beaucoup son environnement à une enfant qui est capable de saisir de petites consignes. » Des pas de géants pour une enfant TSA.

Sarah qui ne peut pas s’exprimer par la parole vit avec beaucoup de rigidités et particularités. Lorsqu’un infime changement survient, tout peut basculer et elle peut « rapidement se désorganiser », explique celle qui l’a mise au monde. 

Se sentir exclus 

« C’est une enfant joyeuse. Quand on la voit physiquement, on ne peut pas imaginer toutes ses rigidités », exprime Mme Assouho en tentant de trouver une explication pour le manque d’accompagnement qu’elle a reçu lors de la rentrée scolaire de Sarah à l’automne 2020.

« On nous a dit au septième jour de classe que ça ne ferait pas et que Sarah n’était pas en mesure de suivre le programme de formation de l’école québécoise », raconte la mère de la jeune fille qui commençait la maternelle cinq ans à l’époque.

Sans être consultée, l’école primaire de Baie-Comeau que Sarah fréquentait a décidé de mettre fin à son inscription, même si elle était dans une classe spécialisée pour les enfants TSA. 

Lors de son arrivée à la mi-septembre dans une seconde école primaire, l’intégration a dû se faire jour par jour et heure par heure. Sarah avait de l’accompagnement individuel en classe avec une TES (technicienne en éducation spécialisée) avec qui elle pouvait faire des demi-journées.

« Grâce à cet accompagnement, elle a réussi à avoir beaucoup d’acquis dans son développement », soutient Mme Assouho.  

Lors de sa première année, Sarah avait tellement progressé, qu’elle avait réussi à intégrer l’école à temps complet seule.

En deuxième année, beaucoup de changements ont eu lieu, dont l’arrivée d’un nouvel enseignant durant l’année en cours. Une régression s’est fait rapidement sentir et le besoin à nouveau d’accompagnement individuel était primordial, selon la maman.

« Je ne sais pas pourquoi il n’y a pas eu d’accompagnement individuel, peut-être par manque de ressources, mais on ne me l’a pas dit », précise-t-elle.

Malheureusement, la situation a fait en sorte que Sarah pouvait fréquenter l’école, mais les après-midi seulement.

Cette année, la jeune fille n’a toujours pas d’accompagnement en classe et fréquente sporadiquement l’école, soit deux journées complètes et trois après-midi.

« J’ai l’impression que tous ses acquis de l’âge de 3 à 6 ans ont complètement régressé », se désole la mère de famille. 

« On se dit un milieu inclusif à l’école, mais pour une enfant comme Sarah, elle ne peut pas fréquenter le milieu à temps plein et ne peut pas fréquenter le service de garde qui n’est pas adapté pour les enfants TSA », confie Mme Assouho ajoutant que les autres enfants dans la même situation vivent cette même exclusion scolaire.

« Les enfants neurotypiques ne sont pas à la maison. Ils sont à l’école, ils sont stimulés socialement, intellectuellement et physiquement. C’est un peu discriminatoire finalement. Pourquoi à cause de son handicap, se retrouve-t-elle à la maison ? » se questionne la maman de Sarah, découragée.

Le CSS de l’Estuaire répond

Nadine Desrosiers, directrice du Centre de services scolaire de l’Estuaire se dit empathique face à la situation de la maman de Sarah sans vouloir commenter la situation précisément sur la place publique. Elle assure qu’il y a des ressources en place et tous les TES (techniciens en éducation spécialisés) sont tous à temps plein. 

« Nous, on travaille pour répondre au besoin de l’élève », soutient Mme Desrosiers qui précise que les équipes autour de l’enfant et les parents sont au courant des stratégies. L’établissement et les équipes sont choisis selon les situations de chaque élève différent.

Elle ajoute que la scolarité à demi temps peut faire partie des stratégies pour l’épanouissement de l’enfant, selon les ressources et les installations de l’école. 

Mme Desrosiers affirme qu’actuellement, le CSS de l’Estuaire tente de travailler sur la mise en place d’une structure qui favoriserait la scolarisation des enfants autismes à l’école Trudel de Baie-Comeau.

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