Réforme en construction : La réalité régionale brille par son absence, selon les syndicats

Par Karianne Nepton-Philippe 10:41 AM - 12 février 2024 Initiative de journalisme local
Temps de lecture :

Les syndicats réagissent au projet de loi 51. Photo iStock

Le projet de loi 51, proposant une réforme dans le domaine de la construction, est l’exemple d’une bonne idée mal exécutée, dénoncent les syndicats de la Côte-Nord. Le manque de compréhension de la réalité régionale est très marqué. 

« La FTQ construction est en train d’éplucher le projet de loi et fera des représentations lors des auditions pour faire valoir leur point », lance Pascal Langlois, conseiller régional Côte-Nord pour la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ). 

Selon M. Langlois, le ministre du Travail, Jean Boulet, effectue un « grand recul » en ce qui a trait à la mobilité régionale. 

« On n’est pas tellement satisfait, surtout en ce qui concerne la mobilité de la main-d’œuvre. Il y a des contracteurs qui le faisaient déjà avant et qui pensent que maintenant, ça va être bar open », soutient-il. 

Réalités régionales 

Cette situation reflète une incompréhension des réalités régionales de la Côte-Nord, dit Pascal Langlois. 

« La Côte-Nord est la seule région qui se dévitalise encore. Il y a une notion d’occupation du territoire importante à prendre en compte », remarque-t-il. 

Le projet de loi, tel qu’il a été déposé, doit être revu afin de tenir compte des enjeux d’attractivité et de rétention des travailleurs. 

M. Langlois rappelle qu’il s’agit d’une industrie « très variable » d’une région à l’autre, et d’un bout à l’autre de la Côte-Nord. 

« La réforme n’est pas tant positive. Quand on regarde le projet de loi dans son ensemble, je ne suis pas certain qu’on s’attaque aux bonnes choses », déclare le président du Conseil central Côte-Nord – CSN, Guillaume Tremblay. 

Une des priorités que M. Tremblay a toujours souhaité mettre de l’avant, c’est de s’assurer de prioriser les travailleurs locaux, lorsqu’il y a un certain chantier en région. 

« Il faut qu’on priorise les travailleurs de cette région-là, pour limiter les déplacements de la main-d’œuvre », note-t-il. 

Ensuite, il est prioritaire « d’assurer une stabilité pour les travailleurs ». 

Écouter les syndicats 

« Le ministre du Travail a dit trouver intéressante l’opinion des syndicats, ce qu’on apporte comme argument. J’ai hâte de voir s’il écoutera jusqu’au bout », mentionne Pascal Langlois. 

Des représentants syndicaux de la FTQ Côte-Nord sont clairs avec leur message, rappelle-t-il : « Ils ont averti le ministre. Si tu persistes dans cette direction-là, ça va mal se passer. On va bloquer la route s’il faut. On l’a déjà fait avant et on va le refaire. »

« S’il y a des enjeux à revoir dans le domaine de la construction, les organisations syndicales, on est prêtes à s’asseoir pour en discuter. On n’est pas contre l’idée de vouloir améliorer l’industrie, mais on a une certaine réserve sur la façon dont ça va se faire », renchérit pour sa part M. Tremblay. 

Industrie plus performante

Le projet de loi 51 a été déposé à l’Assemblée nationale par le ministre du Travail, Jean Boulet, le 1er février. 

L’objectif est de rendre l’industrie de la construction plus performante et faciliter la construction d’infrastructures au service des citoyens.

Cela passe, selon le ministre, par « une meilleure organisation du travail en permettant une plus grande mobilité de la main-d’œuvre sur le territoire québécois ».

Partager cet article