Victor Hamel porte le message de la réconciliation

Par Charlotte Vuillemin 4:00 PM - 22 février 2024
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Victor Hamel. Photo courtoisie

Victor Hamel est un expéditeur de renom avec plus de 50 ans d’expérience en tant que motoneigiste. Du 26 janvier au 10 février, il a pris part à l’Expédition des Premières Nations. 14 jours, 56 participants autochtones et allochtones, 3 500 km de Pessamit à Wendake pour porter le message de la réconciliation, il revient sur ce qui a été pour lui l’expédition d’une vie.

Guide VHR de motoneige hors piste, guide de chasse aux caribous, expéditeur émérite sur neige, terre et eaux, Victor Hamel n’en est pas à sa première expérience tout terrain. Mais pour la première fois, la spiritualité a pris une place primordiale lors de son dernier voyage.

Si plus de 500 personnes avaient envoyé des demandes de participation, 56 ont été sélectionnées pour participer à cette expédition, soit environ 80 % d’autochtones pour 20 % d’allochtones. Les participants provenaient de Natashquan, Kawawachikamach, Schefferville, Pessamit, Essipit, et de beaucoup d’autres communautés du Québec et de l’Ontario. Une infirmière, un premier répondant et un hélicoptère faisaient également partie du voyage.

« J’étais dans l’équipe qui s’appelait Respect. On était 9 et moi j’ai ouvert la piste et parfois, je l’ai fermée. Il est arrivé plein d’avaries. Il y a des gens qui ont fait des carambolages dès les premières journées. […] Les conditions météo étaient pourries, pourries, pourries… Pas de neige, beaucoup de sable, de la roche, on a brisé beaucoup de machines, des pompes à gaz, des slides, des patins, etc. », commence-t-il par raconter.

Une expédition semée d’embûches et physiquement très demandante pour le pilote qui confie n’avoir dormi que 11 h lors des trois derniers jours de son expédition. Un voyage qui s’est avéré très spirituel aussi.

« J’en ai fait des expéditions toute ma vie, de toutes les sortes, mais cette aventure-là, la particularité c’était les humains qui étaient là. On avait un aumônier autochtone qui, tous les matins, nous faisait nous rassembler, on faisait des chants, des hommages », se remémore M. Hamel.

« On faisait brûler de la sauge et du tabac dans les feux sacrés pour les ancêtres. Le côté spirituel, c’est le plus beau de mon aventure. C’était une découverte et c’était la première fois que j’avais l’opportunité de vivre deux semaines avec eux autres », poursuit-il. 

Pourquoi faire cette expédition ?

Victor Hamel confie avec beaucoup d’émotions les raisons qui l’ont poussé à se lancer dans cette nouvelle aventure.

« C’est un hommage aux enfants qui ont été tués, qui ont été volés, les femmes qui ont été tuées. Toutes ces choses m’ont interpellé, car moi mes deux enfants sont des autochtones du côté de leur mère, et puis je pense que c’était une belle chose. Le projet s’appelait la réconciliation pour la guérison et, finalement, la réconciliation, je l’ai faite avec moi-même pour commencer. »

Il poursuit ainsi en confiant que cette aventure a été remplie de partage entre les communautés.

« On a eu beaucoup de partage, chaque jour on faisait des prières. C’est des gens qui sont très spirituels et il y avait plein de nationalités. Dès qu’on s’arrêtait dans les communautés, les gens nous recevaient sur place et on faisait des soupers communautaires avec la communauté des endroits, c’était vraiment dans le partage », se souvient l’aventurier.

« Les autochtones sont des gens qui ont une spiritualité géniale, ajoute-t-il. La famille, les ancêtres, c’est ce qui compte le plus pour eux autres. C’est vraiment un autre monde. »

Une spiritualité trouvée pour le motoneigiste qui, avec son équipe, a su dédier plusieurs de ses journées pour soutenir des personnes qui en avaient besoin.

« Il y a une journée, c’était le plus petit trajet, 175 km. Ce matin-là, le chef de l’organisation Christian Flamand a reçu un Facetime d’une jeune fille de Québec qui avait un cancer. Elle avait 17 ans et demi. On a donné notre journée pour encourager la jeune fille à finir sa vie en beauté », raconte-t-il.

« C’était très spirituel. L’aumônier qui était là, il était génial. Tous les jours, il faisait des chants et il nous racontait le respect de feu, de l’eau, des animaux, de la nature. Le réchauffement de la planète, on l’a vécu, ce qu’on vit sur la Côte-Nord, c’est du jamais vu. Il y a beaucoup de changement. Et tout ça pour dire que c’était une aventure géniale et je repartirais demain matin. »

Une réconciliation

Le message était limpide quant à la raison de cette expédition : la réconciliation des communautés. Victor Hamel conclut sur une note positive et sur le mélange des différentes cultures présentes sur la Côte-Nord qui font son rayonnement.

« On est des messagers tous les gens qui ont fait ça, et la douleur elle est encore présente. Ça ne s’atténue pas du jour au lendemain. C’est important aujourd’hui qu’on travaille tous ensemble pour la réconciliation, surtout sur la Côte-Nord », souligne celui qui garde de bons souvenirs de son expédition.

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