La maternité à mon rythme

Par Anne-Sophie Paquet-T. 11:00 AM - 10 mai 2024
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Photo : Kassandra Blais

La maternité. On te l’avait dit que ce serait la plus belle des aventures. On t’a peut-être même dit que ce serait parfois difficile, mais est-ce qu’on t’avait prévenu que la conciliation de toutes les sphères de ta vie serait un défi de taille ? Un défi encore plus grand que ton col d’utérus qui atteint ses 10 cm ?  

D’entrée de jeu, je clarifie que je m’adresse aux mamans puisque mon sujet touche la maternité. Bien que les enjeux se veulent de la parentalité dans ce texte, j’avais envie d’écrire un billet de sororité pour tenter collectivement de faire illuminer toutes celles qui ont choisi d’avoir un titre de plus sur leur CV de vie, celui de maman.

Je ne savais pas si j’allais avoir des enfants un jour. J’en voulais oui, mais pas seule.

Je voulais une famille incluant un papa présent et volontaire.

Souvent tombé sur un compagnon de vie qui disait en désirer, mais pas tout de suite. La vie a fait son chemin et je me suis réveillé un matin à 32 ans, célibataire et sans enfant.

Par le passé, j’avais aussi dû dire à trois petites âmes de passage « à la prochaine », et ce, au grand soulagement des géniteurs en question.

Je me suis tellement accroché à l’idée qu’il serait peut-être plus sage d’aimer les enfants des autres, que je suis resté figer quand mon chum actuel m’a demandé lors d’un rendez-vous si je voulais des enfants. 

Non. 

C’était la réponse protectrice de mon cœur que je lui avais fourni. Un peu déstabilisé, il était surpris de ma réponse.

La confiance s’est rapidement installée, l’horloge biologique aussi et nous avons eu deux petites filles aujourd’hui âgées de 5 et 2 ans. 

Tu vas voir…

La grossesse est inévitablement venue avec des conseils, parfois non sollicités de parents devins. 

Armés d’une boule de cristal invisible, on me répétait sans cesse que lorsque mon enfant naîtrait, je ressentirais le plus beau des sentiments. Une émotion que je n’aurais jamais vécue auparavant.

Les attentes sont immenses, vous l’aurez compris.

Coup de théâtre, elle est arrivée et je me suis retrouvé à me demander si c’était normal de ne rien ressentir.

Rien comme dans la neutralité absolue.

Oups.

J’avais oublié un chapitre dans mes cours prénataux ou quoi ? 

J’ai tellement été surprise que ces attentes ne soient pas arrivées que mon cerveau s’est mis en action. Au lieu d’attendre patiemment que certaines émotions viennent me rejoindre, à leurs rythmes, ma tête elle, elle s’est transformée en interrogatoire serré. 

– Qu’est-ce que je fais avec ça (ça étant ma fille de 3 secondes de vie) ?

– Est-ce que je dois la laisser là où je dois la prendre ?

– Est-ce que c’est normal que sa peau soit aussi dure ?

– Est-ce que c’est normal qu’on ne me dise pas quoi faire ?

– Est-ce que, est-ce que, est-ce que…

Je ne me suis laissé aucun temps. J’étais challengée.

Je ne me sentais pas adéquate et je n’aimais pas ça. Je voulais performer même dans mon rôle de maman depuis 1 seconde et quart. J’étais totalement dans le faire et non dans l’être.

C’est ce que ma première puce m’a enseigné dès ses premiers instants de vie, et ce, sans même le savoir.

Laisser aller les choses pour ressentir quelque chose. 

Parce que c’est aussi ça la maternité, c’est de revenir parfois à l’essentiel sans rien cadrer.

Laisser tomber des tâches, l’action, l’organisation, les pictogrammes, la performance et se laisser le temps, beaucoup de temps.

Prendre le temps de ressentir la maternité. La ressentir pour la vivre.

Mais non, on pousse la machine et on s’inspire de ces super-moms qui semblent réussir à jumeler travail, famille, chum, amis, sport, yoga, méditation, voyage et #metime… merci Instagram.

Come on !

Il n’y a rien à applaudir. Arrêtons de faire ça.

Et si collectivement, on prenait réellement le temps de valoriser les mamans qui nous entourent pour ce qu’elles sont tout simplement ?

Pas pour leur dire bravo d’êtres des pieuvres, mais plutôt de les valider dans leurs priorités.

Choisir nos enfants avant tout ne devrait pas être jugé. Ni par les employeurs, ni par les amis, ni par la famille et ni par les autres parents. 

Se respecter dans nos choix, nos décisions, nos valeurs et se donner le droit de ne pas exceller dans toutes les sphères de sa vie, devrait être la base. La base pour notre bien-être, la base collective.

Normalisons le fait qu’on ne peut pas tout faire et inspirons-nous de cette réalité. 

En cette période de la fête des Mères, je vous salue les moms. Je salue votre dévouement de tous les jours qui se résume par votre gros possible.

Je vous souhaite et me souhaite un peu temps pour s’arrêter afin de ressentir la chance que nous avons de partager ce premier rôle de soutien dans la vie de nos enfants.

À nous ! 

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