Colloque des aînés de la Côte-Nord : un avenir inquiétant 

Par Anne-Sophie Paquet-T. 5:30 PM - 11 mai 2024
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Le colloque des aînés de la Côte-Nord s’est déroulé les 9 et 10 mai à l’hôtel le Manoir de Baie-Comeau. Photo Anne-Sophie Paquet-T

C’est lors du colloque régional « Tous engagés pour assurer la qualité de vie des personnes aînées dans leur milieu de vie » qu’un portrait de la situation a fait sursauter les invités de l’Hôtel le Manoir.

Des enjeux tels que les milieux de vie, les soins à domicile, les logements et la santé des aînés ont été abordé lors de différentes conférences tenues ces deux journées de colloques.

Micheline Anctil, présidente de la Table régionale de concertation des aînés de la Côte-Nord, a ouvert l’évènement avec un discours.

Trouvant préoccupant l’état de fait des aînés nord-côtiers, Mme Anctil a invité les personnes présentes, à échanger sur des pistes de solutions « en discutant ouvertement de la situation du vieillissement et comment notre région peut répondre aux besoins actuels et anticiper le futur ».

L’inquiétude 

La première conférence a été animée par Anick Leclerc, conseillère-cadre à la mise en œuvre de la politique d’hébergement du programme de soutien à l’autonomie des personnes âgées du CISSS de la Côte-Nord accompagnée de Priscilla Malenfant, directrice du programme de soutien à l’autonomie des personnes âgées du CISSS Côte-Nord. 

« Qui aimerait mourir chez eux », a demandé Mme Leclerc dans un premier temps.

Instinctivement, les 120 convives ont levé la main laissant flotter de vives réactions.

« On veut tous mourir chez nous, mais on n’a pas d’aide », relance Mme Leclerc relatant la situation gouvernementale actuelle. 

En 2020, deux personnes sur trois âgées de 75 ans et plus vivaient toujours dans un domicile privé dans la région, selon les données de Mme Anctil.  

« Pourquoi nos RPA ferment-ils au Québec », a également demandé Mme Leclerc. Elle soutient que les coûts, le manque important de main-d’œuvre, la turbulence financière et la pression sur les investisseurs sont au cœur des raisons de ces importantes fermetures. 

« On n’aide pas les gens qui veulent aider », dénonce la conseillère-cadre donnant comme exemple le faible crédit d’impôt de 500 $ annuellement pour un proche aidant. 

D’ailleurs, la politique de soutien à domicile Chez soi, premier choix qui aurait été annoncé il y a plus de 20 ans n’a plus aucun poids aujourd’hui en 2024 selon Mme Leclerc. « Tout ça est normal parce que notre conseil des ministres n’a jamais entériné cette politique », confirme-t-elle. 

État de la situation sur la Côte-Nord

Selon le Rapport de la commissaire à la santé et au bien-être Bien vieillir chez soi Tome 4 : Une transformation s’impose datant de janvier 2024, les besoins en lits dans une place d’hébergement pour personnes âgées doubleront en 2041 comparativement à aujourd’hui. 

Toujours selon ce même rapport, les besoins qui sont de 1579 actuellement seraient de 3024 dans 17 ans et ce, même si la population diminuait de 15 % et passera de 92 713 habitants à 79 000. Une baisse de 26,1 % entre 1986 et les projections de 2041. 

Mme Malenfant a illustré qu’on devrait bâtir deux Maisons des aînés et Alternatives (MDA-MA) par année dans la région, et ce, durant 20 ans « si l’on veut arriver à avoir assez de lits d’hébergement au même ratio qu’on a actuellement », reflète-t-elle.

Les solutions 

Tout d’abord, les deux femmes ont précisé que la responsabilité de ses changements ne repose pas seulement sur le réseau de la santé. Selon le récent rapport de la commissaire, 25 % se retrouveraient dans leur cours. 

Mme Leclerc conclut que les villes, les organismes et les citoyens doivent mettre aussi la main à la pâte dans ce travail ardu. « Monsieur et madame tout le monde doit se sentir impliqué parce que c’est un changement majeur et collectif, sans le collectif, on n’y arrivera pas », dit-elle.

« Vous avez le pouvoir de changer les choses », rappelle-t-elle à la salle de l’Hôtel le Manoir. 

Miser sur les loisirs, la culture, le sport et la vie collective des aînés serait un énorme pas vers un maintien à l’autonomie selon les deux femmes. « Ils sont une partie intégrante de notre société », nous a-t-elle rappelé souhaitant que les gens présents soient acteurs de changement, et ce, immédiatement pour la région.

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