CHRONIQUE | Une bière de trop!

Par Johannie Gaudreault 12:00 PM - 15 mai 2024
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Le projet IMPACT nécessite la participation de tous les services d’urgence ainsi que du CISSS de la Côte-Nord et du Centre de services scolaire de l’Estuaire. Photo Johannie Gaudreault

Imaginez une centaine d’ados réunis dans la même pièce… Ça rigole, ça jacasse, ça parle fort et ça s’agace. Imaginez une bande de jeunes qui assiste à une simulation d’accident de voiture causé par une bière de trop… On peut entendre une mouche voler. 

C’est ce qui s’est passé le 8 mai alors que le projet IMPACT était de retour au Complexe Guy-Ouellet de Forestville. Un party d’adolescents qui a mal viré s’est déroulé sous les yeux de 175 jeunes de secondaire 4 et 5 des polyvalentes des Rivières et des Berges.

Quelques secondes avant la présentation, c’était le brouhaha dans l’aréna plongé dans le noir complet pour l’occasion. Tout ce qu’on pouvait entendre, ce sont des rires provenant d’un peu partout. Impossible de dire à qui ils appartenaient.

Ensuite, tout s’est enchaîné à une vitesse folle. Les spectateurs (étudiants, parents, enseignants, bénévoles, élus) ont embarqué dans l’histoire dès les premiers instants.

Plus aucun son, à l’exception des voix des comédiens, qui ont brillamment joué leur rôle. 

Nous étions plongés dans une soirée alcoolisée de jeunes mineurs. Un des ados demande à son ami d’aller chercher de la bière puisque la réserve est vide. « C’est toi qui as l’air le moins magané », lui lance-t-il pour le convaincre. 

Alexis finit par accepter et prend le volant de son véhicule même s’il a consommé 5 bières. Bang ! Il provoque une collision frontale avec une autre voiture.

Le pire arrive. Son amie perd la vie. Un drame qui restera à jamais gravé dans sa mémoire. Les impacts sont nombreux : il se fait arrêter par les policiers, un décès, des familles éplorées et d’autres blessés graves.

Trop tard pour faire marche arrière. Il devra payer le prix de son comportement dangereux : prendre le volant avec de l’alcool dans le sang. 

La présentation nous transporte encore plus loin. À l’hôpital, on prend soin du blessé avant de le transférer à Baie-Comeau. Les cris de douleur sont difficiles à entendre.

Ce qui est encore plus insoutenable : l’annonce du décès à la mère de la victime. « Je ne veux plus avoir à le faire », témoigne la Dr Myriam Tardif Harvey, qui a joué le rôle du médecin.

Fin de l’histoire. Les lumières fusent, laissant voir le choc sur les visages des jeunes et moins jeunes.

Taper sur le clou

En 2024, est-ce encore nécessaire de rappeler l’importance de ne pas boire en conduisant ? Il semble que oui. Le message n’est pas encore passé. 

Selon le porte-parole de la Sûreté du Québec, Hugues Beaulieu, « les jeunes sont toujours surreprésentés lorsqu’il s’agit de conduite avec les capacités affaiblies, la vitesse et le port de la ceinture. Il reste encore une couche qui est téflon à nos conseils de prévention ».

La SQ et ses partenaires veulent « taper sur le clou » avec ce genre de présentation dans l’espoir de sauver des vies. « Ça demande un travail énorme au niveau des partenaires et de la Sûreté du Québec, mais on fait l’effort de le faire parce que si on peut sauver une vie, une vie d’un jeune qui a regardé la pièce de théâtre, ça va être mission accomplie », clame M. Beaulieu.

Le projet IMPACT permet de laisser des traces indélébiles dans l’esprit des jeunes. Assez pour que lors d’une soirée festive, les ados se souviennent des moments marquants de la pièce et qu’ils évitent de conduire leur véhicule ou d’embarquer avec un ami qui a les capacités affaiblies. 

Réactions

Xavier Bouchard, Charles Jobidon et Karianne Sirois en perdent leur mot. Les étudiants de cinquième secondaire à la poly des Rivières demeurent choqués de la présentation qu’ils viennent de voir. 

« C’était une belle mise en scène, parfois touchante. C’est plate que ça arrive vraiment à du monde. Des fois, on pense que ce sont des histoires qui arrivent juste aux autres, mais on se rend compte que ça peut nous arriver », commente Xavier. « Ça pogne plus qu’en vidéo », renchérit Charles. 

Quant à Karianne, elle trouve que c’est encore pertinent en 2024 de faire une telle sensibilisation. « Je trouve qu’il y a plus de jeunes qui veulent avoir leur permis, c’est vraiment instructif de savoir que ça ne peut pas juste arriver à quelqu’un que tu ne connais pas, ça peut t’arriver à toi », ajoute-t-elle. 

À quand une présentation grand public ? Parce que le message doit passer aussi chez les personnes majeures et vaccinées. 

Xavier Bouchard, Charles Jobidon et Karianne Sirois, trois jeunes spectateurs de cinquième secondaire qui ont été touchés par la simulation. Photo Johannie Gaudreault

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