Côte-Nord : un réseau de la santé en crise 

Par Anne-Sophie Paquet-T. 10:30 AM - 15 mai 2024
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Dr Guillaume Lord est Président de l’Association des médecins omnipraticiens de la Côte-Nord et médecin de famille aux Escoumins. Photo : Association des médecins omnipraticiens de la Côte-Nord

« Je ne sais pas comment on va faire pour y arriver. » C’est ce qu’a fait comprendre Dr Guillaume Lord, président de l’Association des médecins omnipraticiens de la Côte-Nord et médecin de famille aux Escoumins, quant à la crise sans précédent qui touche le réseau de la santé de la région.

Selon lui, la couverture des soins de santé de façon sécuritaire est compromise avec ce plan de diminution de services, annoncé le 13 mai par le CISSS de la Côte-Nord. C’est « du jamais vu » pour Dr Lord, qui pratique au sein de l’établissement de santé régional depuis 17 ans. 

Le 14 mai, l’urgence de Forestville a été retirée de la liste des réductions de services divulguée la veille. Même si la Haute-Côte-Nord semble épargnée, Dr Lord est loin de crier victoire. 

Il a lui-même appris cette nouvelle via notre média et les réseaux sociaux. « On fait juste retarder le problème de quelques semaines », confie-t-il au journal Le Manic

La période de vacances qui débute majoritairement à la fin juin, et ce, pour tout l’été sera assurément difficile, croit-il.

La situation de Forestville est déjà précaire, aux yeux du médecin omnipraticien. Malgré la pénurie de main-d’œuvre touchant les infirmières qui semble comblée en partie pour les deux prochaines semaines, un grave problème de couverture médical demeure à Forestville, estime-t-il.

« Je suis inquiet à ce niveau-là aussi, même si l’on a des infirmières, je ne suis pas convaincu qu’on va réussir à avoir des médecins pour tous les quarts de travail. »

C’est assez catastrophique

– Dr Guillaume Lord

Dr Lord précise qu’il s’agit d’une situation qui persiste été après été, mais que cette année « c’est assez catastrophique ». Il ajoute qu’il n’est pas prêt à confirmer que l’urgence de Forestville restera ouverte tout l’été 24 heures sur 24. 

De plus, s’il y a une coupure à faire en Haute-Côte-Nord, ce seront les Forestvillois qui écoperont en raison de la localisation des urgences sur le territoire, fait savoir le président.  

« C’est quand même effrayant ce qui s’en vient » 

Quelque 600 postes sur le terrain ne sont pas pourvus sur le territoire de la Côte-Nord. Les coupures drastiques de services dans la Manicouagan et Sept-Rivières alarment tout le personnel du CISSS, selon ce que rapporte le Dr Guillaume Lord.

Le plan de diminution de services va générer énormément de transferts et Dr Lord explique que les équipes « sont inquiètes pour la sécurité des patients ». 

Les fermetures à 50 % des blocs opératoires de la Manicouagan et Sept-Rivières, les fermetures des lits d’hospitalisation et de l’unité de débordement des deux secteurs, la capacité limitée du taux d’occupation des civières à l’urgence des deux hôpitaux sont « des situations très difficiles actuellement » pour tout le personnel et tous les Nord-Côtiers, invoque Dr Lord. 

De plus, les fermetures de la pouponnière et de la pédiatrie à Baie-Comeau s’ajouteront aux complications des transferts. 

Le nombre d’ambulances et d’avions pour pallier cette découverture importante sera insuffisant, selon le président de l’Association des médecins omnipraticiens de la Côte-Nord. 

Dr Lord ajoute qu’il pourrait y avoir des catastrophes en plus de faire allonger les listes d’attente pour les opérations. « Pour le futur, c’est un immense problème », se désole-t-il.

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