Coupe de bois à Pointe-Lebel : l’inquiétude demeure

Par Anne-Sophie Paquet-T. 6:00 AM - 15 mai 2024
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Ce sont majoritairement des pins gris qui sont tombés et qui ont été déracinés lors de la tempête de décembre 2022. Le comité a d’ailleurs demandé que ce soit des feuillus et non le même type d’arbre qui soit planté lors du reboisement. Photo : Anne-Sophie Paquet-T

Le 23 décembre 2022, toute la Manicouagan se souvient de la tempête de vent impressionnant qui a emporté des parties de la nature avec elle. Les citoyens de Pointe-Lebel, du secteur de Pointe-Paradis, y ont goûté. L’avenir et la protection de ce boisé tant aimé des résidents inquiètent encore aujourd’hui. 

Le 6 mai, une rencontre municipale publique s’est déroulée à Pointe-Lebel afin d’expliquer les derniers éléments entourant le dossier de la coupe, des travaux de récolte de bois et du reboisement sur le territoire de la MRC de Manicouagan.

Le comité « Sauvons notre boisé », formé de citoyens et d’élus municipaux de Pointe-Lebel, travaille depuis plus d’un an à obtenir des réponses quant à ses inquiétudes. 

« Il faut mettre de la pression sur tout », déplore Bertin Beaupré, accompagné d’André Foster, membre du comité qui a été rencontré par Le Manic. Le manque de transparence de la direction de la gestion foncière à la MRC de Manicouagan déçoit les deux citoyens engagés.

« Ils ont traité ce boisé-là comme si personne ne vivait autour », s’attriste M. Beaupré qui a œuvré dans le domaine de la supervision forestière durant plus de 30 ans.

Les inquiétudes 

Selon les deux hommes, le boisé n’est pas seulement apprécié par les résidents. Il a aussi l’utilité de garder le sol en place afin d’éviter des glissements de terrain.

« L’accumulation d’eau conséquente de la coupe des arbres augmente ce risque », expliquent-ils précisant que le terrain où se situe le boisé est composé en partie de sable et le sous-sol d’argile, une combinaison à risque de glissements de terrain.

Selon un document détaillé par la mairesse de Pointe-Lebel, Michelle Martin, dont Le Manic a obtenu copie, la MRC évoque à son tour que « le secteur de récupération de Pointe-Paradis ne fait l’objet d’aucune contrainte relative aux glissements de terrain ».

La nappe phréatique fait également partie des inquiétudes du comité. Les citoyens demeurant dans ce secteur possèdent des puits pour s’alimenter en eau dont la variation de la profondeur peut se situer entre 8 et 280 pieds. Un versement d’huile ou tout autre contaminant pourrait polluer leur eau.

C’est pourquoi le comité a demandé de réaliser la coupe de bois avec une machinerie à l’huile végétale et exige un registre des achats d’huile hydraulique et des déversements (intrant et extrant) avec la localisation précise et les quantités de sols récupérés.

La MRC a accepté certaines demandes comme le registre pour les travaux en plus des ensembles de récupération de déversement. Par contre, le remplacement complet des fluides hydrauliques des équipements « est une mesure extrême et très coûteuse », peut-on lire dans le document municipal.

Le comité a aussi exigé que le sol du boisé ne soit pas détruit puisque « les arbres et leurs racines retiennent une bonne partie d’eau », selon lui.

Actuellement, la nature se reboise naturellement et le groupe demande aux entrepreneurs de faire attention à ce reboisement.

De plus, la MRC a approuvé que les autres reboisements soient réalisés manuellement avec différentes essences. Elle promet également que les travaux se feront sans scarification.

Le Manic a rencontré trois citoyens qui ont les mêmes inquiétudes que le comité. La contamination de leur eau, la pollution de la tourbière et un possible glissement terrain sont des facteurs de stress importants pour eux si une coupe trop importante se tient dans le boisé face à leur résidence.

Finalement, le comité « Sauvons notre boisé » est actuellement en attente d’une rencontre avec la MRC et l’entrepreneur, l’entreprise S.G des Bergeronnes, afin de les sensibiliser à ses demandes.

Cette réunion devrait avoir lieu dans les prochaines semaines. 

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