Les températures extrêmes pourraient augmenter le risque d’AVC

Par Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne 11:45 AM - 1 juin 2024
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Le fardeau de l’impact des températures extrêmes était plus grand pour les températures froides, à savoir qu’il y avait plus de décès supplémentaires qui étaient attribuables aux températures extrêmement froides qu’aux températures extrêmement chaudes. THE CANADIAN PRESS/Graham Hughes

Des températures extrêmement chaudes ou extrêmement froides pourraient augmenter le risque d’accident vasculaire cérébral mortel, prévient une nouvelle étude à laquelle a participé un chercheur canadien.

Cette hausse apparente du risque s’applique aussi bien aux AVC hémorragiques, quand une hémorragie se produit dans le cerveau, qu’aux AVC ischémiques, lorsqu’une artère qui alimente le cerveau en sang est obstruée par un caillot, expliquent les auteurs de l’étude.

On entend davantage parler de l’impact des changements climatiques sur le risque de maladie cardiovasculaire, a rappelé le professeur Éric Lavigne de l’Université d’Ottawa.

«Au niveau des AVC, c’est quelque chose qui est peut-être un peu moins connu, mais qui est quand même très important parce que ça peut être très dangereux, et évidemment ça peut être fatal», a-t-il dit.

Les chercheurs ont analysé une base de données qui recense plus de 2,4 millions de décès causés par un AVC hémorragique et 3,4 millions de décès causés par un AVC ischémique. Ces décès ont été rapportés entre 1979 et 2019 dans 522 villes réparties à travers 25 pays. Les chercheurs disposaient aussi de données concernant la température quotidienne dans chaque ville.

À l’aide d’analyses statistiques sophistiquées, ils ont constaté que, pour chaque 1000 décès causés par un AVC hémorragique ou ischémique, onze étaient attribuables aux journées les plus chaudes et les plus froides. Les journées les plus froides seraient à l’origine d’environ quatre fois plus de décès supplémentaires que les journées les plus chaudes.

«L’impact des températures froides avait déjà été documenté dans le passé, a dit M. Lavigne. On savait que les températures chaudes avaient un impact au niveau cardiovasculaire, mais on voit quand même des impacts spécifiques au niveau des AVC.»

Le fardeau de l’impact des températures extrêmes était plus grand pour les températures froides, a ajouté M. Lavigne, à savoir qu’il y avait plus de décès supplémentaires qui étaient attribuables aux températures extrêmement froides qu’aux températures extrêmement chaudes. 

Par contre, poursuit-il, les risques quand les températures chaudes augmentent sont en général plus élevés.

«En bout de compte, notre message c’est d’être très vigilant d’un point de vue de santé publique quand les températures sont autant très chaudes que très froides, parce qu’on va quand même continuer à avoir des vagues de froid», a-t-il dit.

Les gens qui souffrent de maladies préexistantes, comme l’hypertension ou l’hypercholestérolémie, sont probablement plus vulnérables que les autres aux températures extrêmes, a expliqué M. Lavigne.

Lorsqu’il fait très froid, par exemple, les vaisseaux sanguins pourront se contracter, le sang circulera moins bien, «et si en plus on a quelqu’un qui a des problèmes d’hypertension ou un niveau de cholestérol élevé, ça peut faire en sorte que ça va mener à un AVC à ischémique ou hémorragique».

La chaleur extrême pourra quant à elle faire augmenter le niveau d’inflammation, causant possiblement un AVC.

«Il y a des processus physiologiques qui peuvent être différents, mais on pense vraiment que des gens qui ont des maladies préexistantes (sont plus à risque)», a dit M. Lavigne.

L’analyse a aussi révélé que le fardeau de la mortalité attribuable à un AVC hémorragique associé à la chaleur pesait plus lourd dans les pays moins bien nantis que dans les pays riches. Les données concernant les AVC hémorragiques associés à la chaleur étaient moins concluantes.

De multiples facteurs pourraient expliquer cette situation. Les auteurs évoquent par exemple un meilleur accès à la climatisation et aux espaces verts dans les pays riches, ou encore de moins bons systèmes d’alerte pour mettre la population en garde, des taux de travail extérieur plus élevés et des soins de santé de moins bonne qualité dans les pays moins bien nantis.

Les experts préviennent depuis longtemps que les pays pauvres seront davantage affectés par le changement climatique que les pays riches. Il semblerait qu’on doive maintenant ajouter des risques de santé publique à la hausse du niveau des mers, aux sécheresses et aux tempêtes plus dévastatrices qui les menaçaient déjà.

«Le changement climatique continuant d’exacerber ces températures extrêmes, des stratégies d’intervention sont nécessaires pour atténuer l’impact sur la mortalité due aux AVC, en particulier dans les pays à faible revenu», préviennent ainsi les auteurs de l’étude.

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le prestigieux journal médical Stroke.

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