Drame de Portneuf-sur-Mer : une histoire déjà vécue 

Par Anne-Sophie Paquet-T. 7:10 AM - 5 juin 2024
Temps de lecture :

Mme Francine Duclos a toujours avec elle sa médaille de bravoure, et ce, 46 ans après les évènements. Photo : Éric Desbiens

En 1978 par un après-midi de juillet, Francine Duclos et sa sœur partent chercher des coquillages avec trois jeunes enfants, dont deux qui sont respectivement les leurs. Ils se trouvent près de Portneuf-sur-Mer soit dans le début du secteur de la Pointe-à-Boisvert. 

Se faisant prendre par surprise par la marée, incluant de la brume qui cachait la clarté de la situation, Mme Duclos a décidé de sauter dans les eaux froides du fleuve et de nager sur une distance de près de deux kilomètres. Sa sœur et les enfants sont restés sur le banc de sable souhaitant que celle-ci puisse revenir avec du secours. La sœur de Mme Duclos tentait de réchauffer les enfants avec le sable durant ces interminables minutes. 

N’ayant pas de téléphone portable à l’époque, elle réussit à atteindre la rive et à contacter le poste de police afin de les prévenir de l’urgence de la situation. 

Le souvenir de l’héroïne est encore limpide. « Les policiers m’ont dit, on ne démantèle pas des chaloupes comme ça ». Selon elle, les policiers lui ont parlé de la possibilité de faire venir un hélicoptère, mais elle leur a rappelé que le temps était compté. 

Ne pouvant pas être aidée par les services d’urgence, Mme Duclos a rapidement pris sa voiture pour se rendre au chalet de son beau-frère à Portneuf-sur-Mer. Sur sa route, elle a croisé un homme avec une chaloupe, mais selon ses souvenirs, il n’a pas voulu l’aider. 

« Finalement, c’est mon beau-frère qui s’est rendu juste à temps par bateau », mentionne-t-elle ajoutant que l’eau avait commencé à monter sur les jeunes naufragés. 

Son geste de courage a été souligné par le gouverneur général de l’époque et une médaille de bravoure lui a été remise. 

Un goût amer 45 ans plus tard 

Mme Duclos et son fils Jean-François Desbiens qui était âgé de 4 ans à l’époque trouvent déplorable que le sauvetage en mer soit encore difficile à réaliser 45 ans plus tard. M. Desbiens qui était pris sur la petite île sait que si sa mère n’avait pas réussi à nager aussi rapidement et à trouver des effectifs si vite, « il ne serait pas là pour me raconter cette histoire ». 

En lisant les circonstances de la tragédie de Portneuf-sur-Mer l’an dernier, le duo mère et fils ont vécu à nouveau ces douloureux souvenirs en Haute-Côte-Nord. « Ils n’ont pas eu la même chance que nous, si mon oncle n’était pas arrivé à temps il y aurait eu aussi cinq vies emportées », lance tristement M. Desbiens. « Pourquoi qu’aujourd’hui n’y a-t-il pas de protocole de sauvetage prêt pour ce genre de situation ? », se demande-t-il. 

« Des indications plus claires des marées, des affiches de sensibilisation devraient être au moins mises de l’avant », conclut Mme Duclos.  

Partager cet article