Les quotas de sébastes remis en question dans le golfe du Saint-Laurent

Par Ketih Doucette, La Presse Canadienne 4:42 PM - 8 juin 2024
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Sébaste. Photo Pixabay

La pêche au sébaste rouvrira plus tard en juin dans le golfe du Saint-Laurent, après un moratoire de plusieurs décennies.

Le ministère fédéral des Pêches a annoncé la semaine dernière que la pêche, interdite depuis 1995, recommencera le 15 juin avec un total autorisé de captures de 60 000 tonnes pour 2024-2025.

Le groupe de conservation à but non lucratif Oceana affirme que même si la réouverture représente un nouveau «chapitre plein d’espoir» pour la pêche dans l’Atlantique, la nouvelle limite devrait être remise en question.

Rebecca Schijns, spécialiste des pêches au sein du groupe, souligne que le nouveau quota est de loin supérieur au minimum autorisé de 25 000 tonnes, annoncé en janvier, et estime que l’augmentation pourrait nuire aux efforts de reconstitution des stocks.

Elle a aussi fait valoir que d’autres espèces telles que la merluche blanche, la plie américaine, la plie rouge et la morue du Golfe pourraient être affectées par l’augmentation des quotas de sébastes.

«Le sébaste est peut-être abondant maintenant, mais il existe de nombreuses autres espèces, comme la morue et la merluche blanche, qui restent extrêmement épuisées, et on les retrouve dans une grande partie des mêmes zones et profondeurs que le sébaste.»

Mme Schijns croit cependant que le plan de gestion contient des mesures strictes qui seront essentielles pour prévenir la surpêche, notamment la surveillance des captures à bord des bateaux.

En revanche, Jason Spingle, secrétaire-trésorier du syndicat Fish, Food and Allied Workers de Terre-Neuve-et-Labrador, soutient que les pêcheurs côtiers que son syndicat représente croient plutôt que le nouveau quota est «conservateur» étant donné la quantité estimée de 2,5 millions de tonnes de sébastes dans le golfe du Saint-Laurent.

Environ 15 % du quota est réservé aux navires côtiers de moins de 20 mètres de longueur, une part inéquitable, selon M. Spingle. Les pêcheurs hauturiers, soit ceux qui utilisent des bateaux de plus de 30,5 mètres, détiennent près de 60 % des quotas. Les pêcheurs de crevettes et les autochtones ont chacun reçu 10 % du quota.

«Il devrait y avoir un plus grand équilibre», a déclaré M. Spingle, ajoutant que les nouvelles règles sont trop restrictives.

«Cela ne permettra tout simplement pas de développer une pêche commerciale. Nous sommes dans une phase de développement et nous avons fait beaucoup de travail, mais nous devons en faire encore plus. La pêche est trop restrictive et pas assez flexible.»

Ce qui complique les choses, à son avis, sont les bas prix de 30 à 35 sous la livre pour le sébaste et le coût élevé du carburant qui, selon lui, laissera aux pêcheurs côtiers «peu d’avantages».

Il suggère de constituer un groupe de travail «pour trouver une solution».

M. Spingle et Mme Schijns conviennent tous les deux qu’il existe une incertitude sur le marché en raison de la petite taille des sébastes présents dans le golfe du Saint-Laurent.

Actuellement, ils mesurent généralement 30 centimètres ou moins. Le Canada a fixé la longueur minimale à 22 centimètres. Avant l’effondrement des stocks en 1995, les poissons mesuraient de 35 à 40 centimètres.

Le sébaste, un poisson à mâchoires dures et épineuses parfois appelé «perche océanique», produit un filet de couleur claire qui est traditionnellement populaire sur les marchés américains et asiatiques. Ils sont également utilisés comme appâts pour la pêche au homard, au crabe et à d’autres crustacés.

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