Travailleurs étrangers temporaires : difficile d’y arriver sans eux

Par Emelie Bernier 9:00 AM - 11 juin 2024 Initiative de journalisme local
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Ismael Cutzal avec ses enfants, Tadeo et Margareth.

Esther Carrier-Bédard, directrice des ressources humaines chez Servallée, n’y va pas par quatre chemins. « On aurait vraiment de la difficulté à faire nos opérations sans les travailleurs étrangers temporaires (TET) », résume-t-elle.

L’entreprise, qui compte quelques pôles d’activités, dont le Centre sylvicole de Forestville où travaille Ismael Cutzal, emploie environ 200 personnes durant la haute saison. Du nombre, près d’une cinquantaine sont des TET. « C’est un très gros prorata », résume Mme Carrier-Bédard.

Le Centre sylvicole de Forestville accueille 16 TET en 2024. La durée moyenne de leur séjour chez Servallée est de cinq à six mois. « On a commencé tranquillement, avec trois en 2018, cinq en 2019, sept en 2020… C’est tellement gagnant comme formule qu’on a continué à augmenter le nombre de travailleurs petit à petit », indique-t-elle.

Ismael Cutzal et Rigoberto Chacach dans les champs de fraises de Zaragoza. Les deux hommes travaillent au Centre sylvicole de Forestville, de l’entreprise Servallée, une partie de l’année.

Cette façon de faire, progressive, a bien réussi à l’entreprise. « C’est peut-être plus difficile de recevoir beaucoup de monde tout d’un coup. Les travailleurs étrangers qui arrivent ici sont en apprentissage dans leur vie quotidienne autant que dans leur travail. L’employeur doit s’adapter aussi. On a appris ensemble », estime la directrice des RH.

À Forestville, les TET sont affectés à des tâches variées. Ils peuvent également gravir des échelons. « C’est certain qu’on est ouvert à progresser avec toutes les personnes qui démontrent du potentiel. Des fois, il y a la barrière de la langue, mais on fait notre gros possible pour que nos employés se réalisent », ajoute-t-elle.

Plusieurs travailleurs du Guatemala travaillent au Centre sylvicole de Forestville. Photo courtoisie Servallée.

À titre d’exemple, elle cite la progression d’Ismael Cutzal. « Il est arrivé ici, il nous a dit qu’il savait conduire un tracteur. On a fait une évaluation et constaté qu’il était très habile, alors on lui a donné une formation de chariot élévateur. Il a de plus en plus de responsabilités. Nos travailleurs qui, comme Ismael, sont là depuis plusieurs années deviennent de plus en plus polyvalents. Et ils sont des personnes-ressources exceptionnelles pour les autres travailleurs qui arrivent ou qui ont moins d’expérience. C’est une relation donnant donnant! »

Les responsabilités de l’employeur dépassent le cadre « employeur/employé » traditionnel et incluent l’attribution d’un logement, de l’aide avec des formalités comme l’inscription à la RAMQ ou l’ouverture d’un compte bancaire, entre autres.

Une partie de l’équipe du Centre sylvicole de Forestville en 2023. Photo courtoisie Servallée

« On les prend en charge, mais pas juste par obligation, ça nous fait plaisir de nous occuper d’eux! On est conscient qu’ils sont seuls, loin de leur famille pendant plusieurs mois, ils font de gros sacrifices et c’est la moindre des choses de faire tout en notre possible pour qu’ils soient bien. »

Elle insiste sur le fait que les TET ne sont pas des employés de second ordre, bien au contraire.   

« Ce ne sont pas de simples exécutants! Ils font partie intégrante de l’entreprise et ils sont indispensables. »

Ce reportage a été réalisé grâce à une bourse du Fonds québécois en journalisme international.

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