Les députés de la Chambre des communes entament leur pause estivale

Par Mia Rabson. La Presse Canadienne 7:45 PM - 19 juin 2024
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Steve MacKinnon, leader du gouvernement à la Chambre des communes, répond à une question alors qu’il se tient aux côtés de la vice-première ministre et ministre des Finances Chrystia Freeland dans le foyer de la Chambre des communes, à Ottawa, le mercredi 19 juin 2024. LA PRESSE CANADIENNE/Adrin Wyld

Les députés ont quitté la Chambre des communes mercredi dans l’air étouffant d’une vague de chaleur à Ottawa, retournant dans leurs circonscriptions pour le circuit des barbecues et des festivals d’été, la partie préférée de plusieurs d’entre eux.

La prochaine fois qu’ils siégeront, ce sera le 16 septembre, soit un peu avant le compte à rebours d’un an avant le début de la prochaine campagne électorale.

Pour les conservateurs fédéraux, dont les résultats dans les sondages depuis que Pierre Poilievre est devenu chef n’ont cessé de grimper, cette perspective apporte de grands espoirs de retour au pouvoir après près d’une décennie dans l’opposition.

Du côté libéral, les députés espèrent que le temps et une situation économique qui s’améliore lentement pourraient les aider à renverser la tendance auprès des Canadiens. Aucun n’a exprimé la nécessité d’apporter des changements drastiques, notamment en termes de leadership ou de politique, pour rebondir.

«Nous traversons des moments difficiles, mais je pense que c’est normal», a déclaré le député libéral ontarien Francis Drouin à son arrivée pour la dernière réunion du caucus avant l’été.

«Je pense qu’il n’est pas inhabituel qu’un gouvernement en place depuis un certain temps doive travailler plus fort», a pour sa part souligné le député manitobain Ben Carr.

Le libéral de l’Île-du-Prince-Édouard, Sean Casey, ne jette pas l’éponge, mais il semblait morose, même s’il espère qu’un été passé à établir des liens directs avec les Canadiens l’aidera.

«Je suis un peu perdu, a-t-il avoué. Je veux dire, je pense que plus nous pouvons avoir de conversations en tête-à-tête avec les gens sur ce que nous faisons, plus nous avons de chances de percer et d’amener les gens à être plus attentifs. Je ne connais pas d’autre façon de le faire.»

Miser sur les progrès libéraux

De nombreux députés de diverses régions ont identifié les soins dentaires et l’assurance-médicaments comme les politiques qui ont reçu les commentaires les plus positifs dans leur circonscription. Le Nouveau Parti démocratique a poussé les libéraux à faire ces deux choses lorsqu’il a accepté d’appuyer jusqu’en 2025 le gouvernement minoritaire libéral lors de votes clés en Chambre, y compris le budget, en échange de l’adoption de mesures et de programmes qui reflètent leurs priorités communes.

Les deux programmes sont encore incomplets: le ministre de la Santé, Mark Holland discute avec les associations dentaires de la mise en œuvre complète des soins dentaires et la première version de l’assurance-médicaments n’entrera pas en vigueur avant plusieurs mois.

Le leader du gouvernement à la Chambre des communes, Steven MacKinnon, a déclaré que de grands progrès ont été réalisés, citant la législation sur les garderies, un programme national de nutrition dans les écoles et l’adoption de crédits d’impôt pour les technologies propres qu’Ottawa promettait depuis des années.

Ces crédits d’impôt sont essentiels pour que l’industrie énergétique canadienne puisse rivaliser avec les États-Unis en matière d’investissements dans tous les domaines, du développement de l’hydrogène au captage du carbone et aux installations d’électricité renouvelable.

Le dernier projet de loi adopté avant l’ajournement de la Chambre était le budget du gouvernement, qui comprend la prestation d’invalidité promise depuis longtemps, un programme de garantie de prêt autochtone et un financement pour aider la police et les agents frontaliers à faire face aux vols de voitures.

La ministre des Finances Chrystia Freeland, s’exprimant plus tôt dans la journée, a souligné que le Canada avait évité une récession et était le premier pays du G7 à voir sa banque centrale baisser ses taux d’intérêt, l’inflation étant désormais dans la fourchette cible de la Banque du Canada pour quatre mois consécutifs. Celle-ci a ajouté que la croissance des salaires dépasse l’inflation depuis maintenant 15 mois.

Pour le libéral ontarien Adam van Koeverden, ces chiffres constituent une ouverture pour son parti: «Lorsque l’abordabilité est la priorité, c’est la seule chose qui compte».

«Le retour à une situation plus normale au cours des deux derniers mois, avec des taux d’intérêt qui reviennent à la normale et une certaine déflation dans des domaines comme l’épicerie, les télécommunications et les coûts associés à l’Internet résidentiel — c’est ce que recherchent les Canadiens.»

Les conservateurs sont loin devant

Les conservateurs n’y croient pas et ils ne relâchent pas leurs attaques contre les libéraux parce qu’ils ont tout gâché.

«Ce que vivent les Canadiens, c’est l’enfer», a soutenu Pierre Poilievre lors de la période des questions, qualifiant les politiques fiscales du premier ministre de farfelues.

M. Poilievre fait campagne depuis plus d’un an. Pendant des mois, il a été une attraction vedette lors de dizaines de rassemblements à travers le Canada qui attirent des foules considérables.

Il devait apparaître mercredi soir lors d’un rassemblement à Montréal, suivi d’un autre à Québec samedi.

Les conservateurs ont vraiment commencé à s’éloigner des libéraux dans les sondages dès le début de l’été dernier et, désormais, leur parti les devance de 20 points dans la plupart des sondages.

Le chef du Parti conservateur a réussi à utiliser la consternation des Canadiens face à une inflation élevée, un marché immobilier hors de portée et le prix du carbone pour attaquer le bilan du gouvernement.

Pour les libéraux, un remaniement ministériel majeur en juillet dernier et une tentative de réinitialisation axée sur l’abordabilité et le logement à la fin de l’été et à l’automne n’ont fait aucune différence.

Le gouvernement a également eu du mal à faire valoir sa position sur la guerre entre Israël et le Hamas, alors qu’il tente de jouer le rôle d’un artisan de la paix intermédiaire.

Cela se heurte au problème persistant de l’ingérence étrangère, en particulier depuis la publication d’un rapport d’un organisme de surveillance selon lequel certains parlementaires aident «sciemment» des États étrangers à s’immiscer dans la politique canadienne.

Les questions sur l’avenir de Justin Trudeau continuent de planer, même si lui et son caucus les ont déjà repoussées à plusieurs reprises.

Cette pression pourrait s’accentuer la semaine prochaine si les libéraux perdent une élection partielle dans une circonscription de Toronto qui appartient à leur parti depuis plus de trois décennies.

L’élection partielle de Toronto-St. Paul du 24 juin devrait être une lutte serrée avec les conservateurs.

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