L’heure est grave pour la jeune baleine noire empêtrée dans l’estuaire

Par Emelie Bernier 9:26 AM - 10 juillet 2024 Initiative de journalisme local
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Il ne reste plus que 360 baleines noires de l’Atlantique nord. Courtoisie Jacques Gélineau

L’heure est grave pour une jeune baleine femelle de 2 ans empêtrée dans un engin de pêche dans l’estuaire du Saint-Laurent. Un spécialiste redoute que les délais d’intervention de l’équipe d’intervention du Nouveau-Brunswick, en route pour tenter de la libérer, empire la situation.

 « Qui plus est, comme elle est dans l’estuaire, il n’y a donc pas de règles de réduction de vitesse et Pêches et Océan Canada (MPO) a  simplement demandé aux navires de ralentir sur une base volontaire. On manque de tonus, la gouvernance n’est pas là et c’est déplorable », commente Jacques Gélineau, connu pour ses prises de position en faveur des mammifères marins.  

Il déplore également qu’aucune équipe de « désempêtrement » ne soit reconnue au Québec, bien que certains, comme lui,  aient suivi la formation adéquate.

«On a fait appel à une équipe de Campobello, au Nouveau-Brunswick, qui est accréditée par le MPO pour dépêtrer les baleines. Ce qu’on dit, c’est que ça prend une équipe ici, au Québec, prête à intervenir à tout moment pour éviter les délais indus. Ce sont des distances faramineuses et si ça leur prend 2 jours avant d’arriver, c’est deux jours de plus où la baleine est en péril », affirme M. Gélineau.

Une balise de traçabilité a été accrochée à la baleine par MPO, ce qui permet de suivre ses mouvements. Les équipes du MPO ne sont toutefois pas autorisées à procéder à des tentatives de « désempêtrement », ce qui oblige à attendre l’équipe néobrunswickoise.

La jeune femelle serait vraisemblablement empêtrée dans un engin de pêche au homard, selon lui.

« Il y a quelques semaines, Pêches et Océans ont émis un avis de retirer les cages parce qu’il y avait une baleine noire dans le secteur, mais les pêcheurs ont blâmé MPO. Il ne faut pas céder aux pressions de pêcheurs qui démonisent les fonctionnaires de MPO. Je considère que lorsqu’ils émettent un avis, ils font un bon travail et il ne faut pas céder au lobby de la pêche. On en a la preuve », renchérit-il.

Le fait que ce soit une femelle est encore plus préoccupant. « De jeunes femelles, il n’y en a pas tant et c’est ce qui manque dans le cheptel de 360 baleines noires qui restent », s’inquiète Jacques Gélineau.
Selon un article du Devoir paru hier, la baleine aurait été aperçue jusqu’à Portneuf-sur-Mer, à l’ouest, et une partie de la corde aurait été retirée. Mais la baleine n’est pas tirée d’affaire.

« Quand elles sont jeunes, il y a plus de possibilités de mortalité. Ce n’est pas un bébé, c’est une juvénile de deux ans, mais elle pourrait y passer… C’est pour ça que c’est important d’y aller rapidement. On ne peut pas envoyer n’importe qui, il y a une façon de bien faire les choses, mais j’en ai déjà fait et ce n’est pas non plus accessible juste aux gens du Nouveau-Brunswick! Ça prend une bonne formation et des mesures d’entraînement sur une base annuelle », conclut Jacques Gélineau.

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