L’attentat contre Trump démontre la polarisation politique aux États-Unis

Par Kelly Geraldine Malone, La Presse Canadienne 3:25 PM - 14 juillet 2024
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Entouré d’agents du Service secret, l’ancien président Donald Trump lève le poing pour rallier ses partisans à la suite de l’attentat dont il a été victime le 13 juillet 2024. LA PRESSE CANADIENNE/AP/Evan Vucci.

L’image fait choc: l’ancien président Donald Trump levant le poing, le visage ensanglanté, avec en arrière-plan un drapeau américain.

L’attentat contre M. Trump démontre la polarisation croissante du climat politique aux États-Unis, constatent divers observateurs.

«Ce sera inscrit à jamais dans les livres d’histoire», note Matthew Lebo, un spécialiste de la politique américaine de l’Université Western, à London.

Les images montrant M. Trump s’interrompre, toucher son oreille, se laissant choir au sol avant d’être couverts par des agents du Service secret, ont joué à boucle sur les chaînes d’information aux États-Unis et ailleurs.

Deux personnes ont été tuées, dont le présumé tireur, un jeune adulte de 20 ans. Deux autres ont été sérieusement blessées.

L’attentat, le plus sérieux commis contre un politicien américain depuis l’attentat contre le président Ronald Reagan en 1981, peut représenter un moment décisif pour les États-Unis.

«C’est le signe d’une démocratie qui part en lambeaux», lance le Pr Lebo.

Des études nationales démontrent un appui croissant sur la violence politique aux États-Unis, tant du côté de la gauche que de la droite, note Robert Page, un professeur de l’Université de Chicago, spécialiste des questions de sécurité internationale. Il a mené ces études depuis le printemps 2021.

La plus récente a été publiée le 24 juin. Elle révèle que 10 % des répondants appuient la violence afin d’empêcher Donald Trump de redevenir président. Sept pour cent n’excluent pas la violence pour reporter le candidat républicain au pouvoir.

Selon le Pr Pape, ces études démontrent que les franges extrêmes des mouvements politiques peuvent se conduire de manière dangereuse.

«Nous devons comprendre que si on laisse la situation aller, nous allons observer une spirale de la violence, une escalade de la violence alors que nous sommes en pleine période électorale», souligne-t-il

La colère ne se limite pas à un seul parti. Les menaces contre des élus démocrates ou républicains sont en croissance. La polarisation politique grandit aussi à l’échelle mondiale.

Le Pr Pape dit avoir conseillé le gouvernement canadien il y a un an sur les résultats de ses recherches. Il a aussi avoir été consulté par d’autres gouvernements et des agences policières de partout dans le monde.

Si la situation est préoccupante, mais elle n’est pas désespérée, croit l’expert. Les dirigeants politiques doivent convaincre leurs partisans que la violence est immorale et illégale.  

«La colère doit pousser les gens à voter, pas à commettre des actes violents», lance-t-il.

Il est encore trop tôt pour savoir si l’attentat influencera les électeurs d’ici le scrutin de novembre, soutient le Pr Lebo.

Les démocrates adopteront sans doute un profil bas au cours de la prochaine semaine, mais le Pr Lebo fait remarquer que c’est toujours le cas lors de la convention républicaine qui s’amorce lundi à Milwaukee.

Le Pr Lebo dit avoir observé que certains acteurs politiques ont commencé à profiter de l’attentat pour tenter de galvaniser leurs partisans.

«Quand des partis politiques se servent de ça pour accroître la polarisation, je trouve cela très dangereux», commente-t-il.

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