Une médecin appréhende des décès

Par Shirley Kennedy 4:57 PM - 17 juillet 2024
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Dre Myriam Tardif-Harvey craint que des décès ne surviennent en raison des fermetures ponctuelles des services d’urgence en soirée et de nuit aux installations de Forestville et des Escoumins.

Dre Myriam Tardif-Harvey estime que des décès pourraient survenir en raison de la réduction des services des urgences de Forestville et des Escoumins prévus au cours des prochaines semaines de 17 h à 8 h.

À 13 h aujourd’hui, le CISSS de la Côte-Nord a diffusé une mise à jour des horaires de services des urgences de ses installations situées en Haute-Côte-Nord.

C’est à partir de 17 h que la situation se corse et que le maintien des services d’urgence devient problématique en raison du « manque de personnel infirmier et d’absences ponctuelles de médecins », est-il mentionné dans le communiqué.

À l’urgence de Forestville, aucun service n’est disponible depuis hier (mardi) le 16 juillet et ce jusqu’à dimanche le 21 juillet prochain inclusivement, de 17 h à 8 h.

Pour Les Escoumins, aucun service ne sera offert dès le vendredi 19 juillet et ce jusqu’au dimanche 21 juillet inclusivement.

Donc pour les soirées du 19 au 21 juillet, les personnes en situation d’urgence seront redirigées vers Baie-Comeau ou Saguenay. Une situation que dénonce le Dre Tardif-Harvey, médecin à l’installation des Escoumins depuis 11 ans.

« Les gens peuvent payer de leur vie la décision du ministre Christian Dubé, de couper des agences sans plan adéquat pour prendre le relais », s’indigne-t-elle.

Dre Tardif-Harvey appréhende qu’en cas d’infarctus, de réaction allergique sévère ou de détresse respiratoire chez les enfants, les délais peuvent engendrer la mort des gens en situations critiques.

« En appliquant sa mesure mur-à-mur, sans faire de distinction entre les grands centres et les régions éloignées, le ministre de la Santé place la population sans couverture sur une distance de 300 km. C’est une situation catastrophique que je n’ai jamais vue à ce jour en 11 ans de pratique », explique-t-elle.

Le problème selon elle, ce sont les mesures restrictives imposées par Québec en regard de l’utilisation du personnel d’agences. « Nous avions recours à du personnel excellent provenant d’agences, habitué et compétent, qui nous offrait des prestations de qualité et avec lequel les équipes en place fonctionnaient bien. Mais ces agences ne sont pas autorisées par le ministère de la Santé, donc nous ne sommes pas capables d’aller chercher cette aide-là, alors qu’on en réclame le besoin. Il est minuit moins une », implore la spécialiste de la santé.

Selon Dre Tardif-Harvey, malgré les appels à l’aide incessants du personnel soignant, de la population et de la classe politique, c’est une fin de non-recevoir rigide qui est appliquée par le ministre Dubé.

« Il doit assouplir la pratique du temps supplémentaire, autoriser les ententes de gré à gré avec certaines agences, mettre en place des primes d’éloignement. Il doit considérer les réalités différentes des régions éloignées qui dépendent des agences. Mais on se bute à des contraintes immuables qui peuvent engendrer des conséquences catastrophiques. »

Pas d’hier

La pénurie de personnel infirmier n’est pas nouvelle dans les installations du CISSS de la Côte-Nord, particulièrement en Haute-Côte-Nord, confirme la médecin, affirmant que plus de 50% des quarts de travail étaient assurés par le personnel des agences depuis quelques années. « Il y a des infirmières des agences qui viennent en Haute-Côte-Nord depuis 30 ans. À Forestville il y a un manque de médecins et de personnel infirmier. Aux Escoumins, c’est davantage une problématique de personnel infirmier. Pour les deux urgences, cela représente plusieurs dizaines d’employés provenant d’agences. Nous n’avions pas de réserve et contrairement aux grands centres, nous ne pouvons pas puiser dans les autres unités. »

Dre Tardif-Harvey craint l’augmentation exponentielle de la demande du service ambulancier lors des fermetures de soirée et de nuit des deux urgences de la Haute-Côte-Nord. « Malgré toute la bonne volonté du service préhospitalier, il y aura probablement des découvertures de services sur le territoire en raison de la hausse des appels versus la capacité de répondre. »

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