Le flétan dans la mire des chercheurs

Par Émélie Bernier 2:00 PM - 23 juillet 2024 Initiative de journalisme local
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Un flétan pêché dans le Saguenay en hiver.

Le nombre de flétans de l’Atlantique atteint des sommets jamais vus depuis 60 ans et semble en profiter des changements climatiques. Il faut toutefois éviter de reproduire les erreurs du passé si on souhaite profiter de cette ressource délicieuse de façon pérenne.

Le nombre de flétans de l’Atlantique atteint des sommets jamais vus depuis 60 ans et contrairement à plusieurs espèces, notamment la crevette, qui souffrent des modifications importantes aux conditions environnementales, le flétan semble en profiter! Il faut toutefois éviter de reproduire les erreurs du passé si on souhaite profiter de cette ressource délicieuse de façon pérenne.

Charlotte Gauthier, étudiante au doctorat en biologie à l’Université du Québec à Chicoutimi, consacre une partie de ses recherches aux mouvements migratoires du flétan atlantique du golfe du Saint-Laurent.

” En 2019, les débarquements (plus de 1 383 tonnes) étaient les plus importants des 60 dernières années “, peut-on d’ailleurs lire dans un article cosigné par Mme Gauthier et plusieurs chercheurs et publié dans la revue du Naturaliste canadien.

On y rappelle que  le flétan atlantique est le poisson de fond possédant la plus haute valeur commerciale par unité de poids dans le golfe du Saint-Laurent, d’où l’importance d’éviter de reproduire les comportements de pêche abusive qui ont mené à son déclin dans les années 1950.

” Pour y arriver, il est primordial d’avoir une bonne compréhension du cycle de vie du flétan et des effets que la pêche peut avoir sur le stock. Cependant, ce n’est pas complètement chose faite “, indique-t-on.

Pour mieux comprendre le cycle de vie des poissons, les chercheurs ont recours à une méthode de caractérisation des éléments chimiques des otolithes, de petits os qui se retrouvent dans l’oreille et qui, par leur composition, en disent long sur les allées et venues de leurs propriétaires. Les spécimens sont récoltés lors de pêches scientifiques.

Comme les cercles de croissance annuelle des arbres, les otolithes stockent selon un certain cycle des informations qui peuvent être analysées par la suite.

Ces données ont notamment été utiles pour déterminer les ” patrons migratoires ” du flétan de l’Atlantique dans le golfe du Saint-Laurent.

Qui plus est, des étiquettes satellites ont été installée sur certains spécimens, permettant de recueillir des informations sur la profondeur et la température de l’eau de leur habitat et calculer avec précision leurs déplacements.

Les chercheurs ont ainsi découvert que les flétans se reproduisent en hiver dans les chenaux profonds du golfe. Par la suite, certains poissons demeurent dans cet environnement, alors que d’autre migrent vers des zones moins profondes. On n’explique pas encore ces différences de comportement.

Le flétan n’a pas fini de révéler tous ses mystères, mais les recherches se poursuivent dans le but d’assurer une saine gestion de la ressource.

La question de l’instauration d’une pêche récréative hivernale durable pour le flétan atlantique dans le fjord du Saguenay n’est pas éludée. Voilà une bonne nouvelle pour les amateurs!

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