Iame Philippe Mckenzie

Par Emy-Jane Déry 4:00 PM - 5 août 2024
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Philippe Mckenzie. Photo Facebook Philippe Mckenzie

« Quelqu’un a dit quelque part que la culture autochtone va renaître grâce à l’art. Philippe est un parfait exemple de ça », lance Shauit, tout juste arrivé de Vancouver. Il est assis sur un fauteuil, derrière la scène d’Innu Nikamu. Il est en attente pour ses tests de son, à quelques heures de son spectacle qui ouvrira le Festival que Philippe Mckenzie a co-fondé, il y a 40 ans de cela. 

C’est à 13 ans que Philippe Mckenzie a commencé à jouer de la guitare. C’est aussi quand il avait cet âge que Shauit a découvert sa musique. 

« J’ai fini par comprendre qui était Philippe avec les années, j’ai compris que c’est lui qui a été le premier à être endisqué en innu et qui chante vraiment des chansons qui parlent de nos struggles, nos combats quotidiens, de la perte de notre fierté, de notre vie dans le bois, de la rivière Mishta Shipu, et ça nous a tous atteints, rejoints. J’ai fini par comprendre que c’était vraiment un pilier », raconte Shauit. 

Philippe Mckenzie disait que ses chansons appartenaient à tout le monde. Il acceptait de les partager volontiers, ce qu’il a fait avec Shauit, qui en fait une pratiquement dans chacun de ses spectacles. Il en profite pour raconter son histoire, leur histoire.

Shauit et Scott-Pien Picard dans les coulisses de Innu Nikamu. Photo Emy-Jane Déry

« Pourquoi nous on est là et qu’on chante : les Scott-Pien, Matiu, Maten, Kanen… je pourrais en nommer beaucoup d’autres. Pourquoi on sort avec notre guitare dans les mains ? Ça vient de là, ça vient de Philippe et de d’autres. Il y a eu Kashtin après… Puis j’arrive à moi, qui fais du reggae ! » 

Les paroles des chansons de Philippe Mckenzie ont inspiré et inspirent encore Shauit, lorsqu’il se met à l’écriture.

« C’est vraiment une grande influence, c’est une grosse perte pour la communauté qu’il soit parti », lance-t-il. « J’ai l’intention d’en chanter une pour lui tantôt. »

Et ce ne sera pas la première ni la dernière fois. 

« Ses chansons vont toujours vivre, ses textes vont toujours être là, on va toujours les chanter, être fiers de lui et honorer son héritage. » 

“Je te donne mes tounes

Scott-Pien Picard se souvient d’avoir rencontré Philippe Mckenzie à la salle de spectacle, avec sa mère. C’était à ses débuts. Il devait monter sur scène, après celui qu’il qualifie de « pionnier ». « Je te donne mes tounes, tu les chanteras si tu veux », lui a lancé Philippe Mckenzie. « Il était très généreux. Je l’admire beaucoup », a dit Scott-Pien Picard, croisé dans les coulisses d’Innu Nikamu. « C’est grâce à lui qu’on chante en innu aujourd’hui », résume-t-il. « C’est le pionnier de chez nous, c’est lui qui nous ouvert le chemin. » 

– Collaboration Sylvain Turcotte