Des joueuses de hockey inspirées par une des meilleures au monde à Mani-utenam

Par Emy-Jane Déry 4:00 PM - 7 août 2024
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Adam Jourdain, Napessis André, Ann-Renée Desbiens et Yohan Pinette, sur la glace dans le cadre de l’école de hockey Jourdain-André-Pinette, qui se tient du 5 au 9 août. Photo courtoisie

La gardienne de but d’Équipe Canada, Ann-Renée Desbiens, a grandi avec des modèles de joueurs de hockey masculins et s’est rapidement fait dire qu’elle ne pourrait jamais être dans la LNH. Aujourd’hui, la quinzaine de jeunes joueuses qu’elle a rencontrées à Mani-utenam peuvent rêver grand. 

« C’est le plaisir qui m’a permis de me rendre où je suis. Mes modèles, c’étaient vraiment les joueurs de la ligue nationale, car dans ce temps-là, le hockey féminin ce n’était pas quelque chose qu’on voyait », a expliqué Ann-Renée Desbiens au Journal. « On en parlait aux Olympiques tous les quatre ans, mais ce n’était pas quelque chose de commun. » 

De passage lundi et mardi à Mani-utenam, dans le cadre de l’école de hockey Jourdain-André-Pinette, la gardienne de but étoile médaillée d’or aux Olympiques (Beijing 2022) et aux Championnats du monde de hockey féminin (2024) a fait le bonheur des 90 jeunes hockeyeurs et hockeyeuses rassemblés. C’était une première fois à Sept-Îles pour Ann-Renée Desbiens, mais pas sur la Côte-Nord, puisqu’un de ses frères habite Baie-Comeau.

« Ça m’a permis de venir partager mon expérience et peut-être de permettre aux enfants de voir une personnalité qu’ils voient à la télé, mais qu’ils n’ont pas souvent la chance de côtoyer », a dit Mme Desbiens. 

Sur les 90 jeunes, il y avait une quinzaine de filles pour la quatrième édition de l’événement, un nombre grandissant année après année. Elles sont fans de Marie-Philippe Poulin et de Laura Stacey… et les garçons aussi !

« Le fait que les gens nous reconnaissent maintenant, qu’ils savent où on joue, ça a vraiment beaucoup changé avec l’arrivée de la ligue professionnelle, l’année dernière », a constaté Ann-Renée Desbiens. 

Avoir des modèles féminins connus aura certainement un impact positif pour les joueuses, estime Mme Desbiens. 

 Ça leur permet vraiment d’avoir un rêve qui est propre à elles.

– Ann-Renée Desbiens

« Ça leur permet vraiment d’avoir un rêve qui est propre à elles. En grandissant, je m’imaginais jouer dans ligue nationale. Je me suis fait dire assez rapidement que ce n’était pas possible », a-t-elle raconté. « Maintenant, elles, elles peuvent dire qu’elles veulent jouer pour l’équipe professionnelle de Montréal, jouer sur l’équipe nationale. Il y a des filles qui gagnent leur vie à faire ça, donc leur rêve à elles, maintenant, est possible aussi. » 

La petite fille de Charlevoix

L’école n’était pas peu fière d’avoir réussi à faire patiner « la meilleure gardienne de but au monde » avec ses participants. Son conjoint connait Adam Jourdain, un des dirigeants de l’école, c’est comme ça que les contacts ont commencé. 

Ann-Renée Desbiens a participé à des entraînements avec les jeunes sur la glace. Elle leur a fait faire différents exercices. Elle a également échangé avec eux hors glace, sur des aspects plus « humain » de la profession. 

Ann-Renée Desbiens sur la glace avec des jeunes de l’école de hockey Jourdain-André-Pinette, à Mani-utenam. Photo courtoisie

« Ça dépend de leur groupe d’âge, mais il y en a beaucoup qui veulent savoir si je suis millionnaire », a-t-elle lancé en riant. « Mes plus beaux souvenirs, si je connais leur joueuse préférée, mes passe-temps, comment je me suis rendue-là… si je peux leur donner mon bâton ! » 

Et justement, pour passer de la petite fille de Charlevoix qui joue au hockey avec ses trois frères et sa sœur, à la gardienne de but étoile médaillée d’or d’Équipe Canada, il faut avant tout être passionnée, dit-elle. 

« Le secret, c’est vraiment la passion, parce qu’il y a des moments plus difficiles que d’autres pendant lesquels, si tu n’aimes pas ça, tu vas probablement arrêter. Il faut vraiment que tu sois passionnée de ce que tu fais et que tu sois bien entourée. J’avais des parents qui me supportaient et des entraîneurs aussi. » 

Et bien sûr, elle ne compte plus les heures d’entraînement. Attention, on ne parle pas ici de « sacrifices », mais bien de « choix ». 

« Mes parents faisaient beaucoup de route pour moi, puisque j’ai grandi à Charlevoix. Ils disaient que ce sont des choix qu’ils faisaient, puisque c’est quelque chose qu’ils aiment. 

Ce n’était pas un sacrifice pour moi [non plus] d’aller jouer une partie de hockey, plutôt que d’aller à une fête d’amis », a-t-elle affirmé. « J’aimais passer mon temps à l’aréna et avec mes amis aussi. C’est vraiment de trouver un équilibre entre les deux qui permet de jouer pendant longtemps. »