24 futurs médecins en simulation d’urgence à Baie-Comeau

Par Anne-Sophie Paquet-T. 12:10 PM - 12 août 2024
Temps de lecture :

Le stage annuel d’initiation à la médecine de brousse de l’Université Laval existe depuis 2017. Photo : courtoisie

Certains participants étudiants en médecine de l’Université Laval de deuxième et troisième année n’avaient jamais fait de plein air, d’autres se retrouvaient en terrain connu avec peu de ressources et aucun réseau cellulaire. Ils devaient tous partager quelque chose, leur sang-froid, leur débrouillardise et leur entraide. 

« On apprend aux étudiants à réfléchir, à utiliser les ressources qui sont devant eux, pas seulement ce qui se trouve dans leurs livres », explique David Paré, professeur de clinique et urgentologue à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec dans un article de l’Université Laval. 

Dr Paré est le responsable de cette activité de simulation d’urgence qui se déroule en région depuis 2017. Cette année, il s’agissait de la sixième édition dont la troisième visite à Baie-Comeau. Une rotation qui se déroule entre la Côte-Nord, la Gaspésie et le Bas-Saint-Laurent.

Le but est évidemment d’apprendre aux étudiants d’intervenir en secteur régional éloigné, mais surtout de faire découvrir ces régions aux futurs médecins. « La majorité n’a jamais vu encore de patients », précise Dr Paré. 

Des situations d’urgence réalistes 

Par exemple, afin de représenter la réalité, des simulations comme un appel de détresse pour une randonnée qui a mal tourné, accompagnée de vents violents qui ont fait tomber un arbre avec des cris de détresse et trucages cinématographiques ressemble à l’une des scènes proposées. 

Le rôle des victimes et des secouristes a été joué par les participants, ce qui leur permet de voir deux perspectives, soit une beaucoup plus vulnérable et la seconde complètement dans l’action. 

Se mettre dans la peau du patient permet de développer les réflexes des futurs médecins. Dr Paré a donné comme exemple une simulation avec un cas de réaction allergique. « La victime avait un auto-injecteur EpiPen dans sa poche, mais personne ne l’a fouillée ou ne lui a demandé si elle en avait un », raconte l’organisateur du stage.

La façon dont les participants ont été manipulés est venue ajouter la touche d’humanisme, de compassion et d’attention dans les réflexes des futurs professionnels de la santé. « C’était frustrant pour eux, mais ça leur fait réaliser que ce type d’erreur peut arriver avec le stress », ajoute Dr Paré.

Le stage que David Paré offre est, à sa connaissance, le seul dans tout le pays où les étudiants peuvent s’investir dans la peau d’un patient victime. 

L’humanisme avant tout 

« Je ne m’en cache pas, toutes les notions théoriques que je leur enseigne pendant le stage, ils vont pratiquement toutes les oublier si ce n’est pas déjà fait », lance-t-il en riant. Il prétend par contre que l’aspect humain reste bien gravé dans leur mémoire.

Plusieurs étudiants lui ont confié que ce stage devrait être tout simplement obligatoire pour tous les futurs médecins. Dr Paré est fier de pouvoir leur ajouter cette expérience significative pour eux et aussi pour leur parcours professionnel et personnel. 

Choisir de pratiquer sur la Côte-Nord grâce à ce stage

Étudiante en médecine à l’Université Laval, Marie-Laurence Dionne a participé au tout premier stage des situations d’urgences à Baie-Comeau en 2017. C’est grâce à cette expérience qu’aujourd’hui elle est Dr Dionne, urgentologue à l’hôpital Le Royer de Baie-Comeau. 

« Il y a beaucoup de techniques médicales qu’on apprend dans ce stage-là qui vont nous être utiles dans notre vie extrahospitalière », confirme-t-elle. La capacité d’adaptation ainsi que le leadership afin d’être prêts à toute situation en sont de bons exemples. 

« J’ai tout de suite pensé à la Côte-Nord quand est venu le temps de déterminer où j’allais me former en médecine familiale en 2019 », explique Dr Dionne en entrevue avec le journal Le Manic.  Elle a aimé la région, l’équipe et la pratique et c’est pour ces raisons qu’elle pratique ici comme urgentologue à l’hôpital de Baie-Comeau depuis 2021. 

La diversité de sa pratique est ce qui lui plaît le plus. « Je fais de l’urgence, de l’hospitalisation, du bureau, de l’enseignement aux résidents, de la maison de soins palliatifs et je suis aussi médecin pour l’organisation du Drakkar », précise-t-elle. Ces possibilités de développer de « tout » et d’avoir une proximité avec les communautés autochtones sont des points plus qu’intéressants pour pratiquer en région, selon la médecin. 

Depuis la création du stage en 2017, une quinzaine de participants des dernières années ont terminé leur formation et se sont aussi installés sur la Côte-Nord. Dans la cohorte du Dr Dionne, quatre étudiants pratiquent toujours dans la région, soit de Les Escoumins à Havre-Saint-Pierre.