Présence d’un requin blanc soupçonnée au large de Rivière-au-Tonnerre

Par Emy-Jane Déry 4:33 PM - 14 août 2024
Temps de lecture :

La carcasse de phoque a été retrouvé sur une plage de Rivière-au-Tonnerre, lundi. Photo RQUMM

Une carcasse de phoque retrouvée à Rivière-au-Tonnerre, lundi, pourrait être le résultat d’une attaque de requin blanc. 

C’est du moins une des pistes qui sera explorée par les scientifiques. Le Réseau québécois d’urgence pour les mammifères marins (RQUMM) est venu la récupérer. Une nécropsie sera menée par des vétérinaires de la Faculté de médecine vétérinaire (FMV) de l’Université de Montréal, à Saint-Hyacinthe. C’est ce qui viendra confirmer ou infirmer l’hypothèse d’une attaque d’un requin blanc, l’espèce vedette du fameux film Jaws

Le Réseau ne récolte pas toutes les carcasses qui lui sont signalées, mais annuellement, il en retient entre 60 et 80. Il faut qu’elles soient d’abord fraîches et accessibles. Le phoque trouvé à Rivière-au-Tonnerre était donc d’intérêt. 

« Celle-ci présente des lésions particulières qu’on va vouloir documenter », a dit Patrick Weldon, coordonnateur au RQUMM. 

Les lésions de la carcasse sont d’intérêt pour les scientifiques. Photo RQUMM

Ces lésions peuvent en dire long sur ce qui se passe dans le Saint-Laurent. 

« Ça arrive qu’on trouve une carcasse avec des lésions de cause anthropique, parfois ce sont des collisions, d’autres fois des empêtrements. Des fois, on peut détecter des maladies qui sont différentes, ou des causes de la mort qui nous donnent des indices sur ce qui se passe dans l’écosystème marin », a-t-il expliqué. 

Chose certaine, depuis l’an dernier, les signalements impliquant une potentielle attaque de requin blanc envers des phoques au large de Gaspé et des Îles-de-la-Madeleine sont en hausse au Réseau. 

Le RQUMM gagne en popularité et plus de travail se fait pour documenter les mortalités de phoque, ce qui pourrait en partie expliquer cette recrudescence. Toutefois, la présence plus prolongée du requin blanc dans les eaux du Saint-Laurent n’est pas non plus un secret de polichinelle. 

« Ça commence à être assez bien connu qu’avec le réchauffement des eaux, les requins blancs sont plus à l’aise dans les eaux, un peu plus dans le golfe. Ils restent plus longtemps chaque année et il y a quand même de grandes populations de phoque gris qui sont des proies parfaites », a expliqué M. Weldon. 

Selon l’Observatoire des requins du Saint-Laurent (GEERG), le requin blanc fréquente bel et bien la côte est du Canada, le golfe et l’estuaire du Saint-Laurent. L’animal est présent de façon saisonnière dans toutes les provinces maritimes, à Terre-Neuve-Labrador et au Québec. 

« Au cours de la dernière décennie, les signalements documentés ont considérablement augmenté dans tout le Canada atlantique et au Québec, où le grand requin blanc semble progressivement rétablir ses anciens terrains de chasse », peut-on lire sur le site du GEERG. 

Sa présence ne serait toutefois pas nouvelle et ne serait pas non plus le résultat direct des changements climatiques. 

« Au contraire, l’augmentation récente des observations dans tout le nord-ouest de l’Atlantique résulte plus probablement du statut protégé du requin blanc et de ses proies (les phoques) ainsi que l’omniprésence des téléphones intelligents et des réseaux sociaux », indique le GEERG. 

L’Observatoire prévoit que cette tendance à la hausse des observations se poursuivra, tant que le requin blanc demeurera une espèce protégée.