Patrice Godin a trouvé son X sur la Côte-Nord

Par Emy-Jane Déry 11:32 AM - 15 août 2024
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L’acteur Patrice Godin, devenue pompier forestier, en action sur la Côte-Nord. Photo courtoisie

Après une trentaine d’années comme acteur, Patrice Godin avait envie de faire autre chose et cette envie l’a mené à devenir pompier forestier sur la Côte-Nord. Sa première saison se termine et il est déjà impatient de revenir à la base de Havre-Saint-Pierre, le printemps prochain.  

« Le métier a changé beaucoup, j’ai moins de plaisir à le faire, j’avais besoin d’autres choses (…) ça fait longtemps que je souhaitais faire un métier plus de service », a-t-il dit à propos de sa carrière d’acteur, en entrevue avec Le Nord-Côtier

Dans les dernières années, Patrice Godin, qui est aussi écrivain et animateur, a un peu tout remis l’aspect professionnel de sa vie en question. Celui qu’on a vu plus récemment dans District 31 (Radio-Canada) et dans L’homme qui aimait trop (Noovo) était las de ces périodes où le téléphone sonne moins.

« On fait de grosses années et tout d’un coup, les années suivantes, c’est plus tranquille. Je suis un peu tanné de ça », a-t-il admis.

L’an dernier fut une année tristement record pour les feux de forêt, partout au pays. Une partie de Sept-Îles et de Mani-utenam a d’ailleurs dû être évacuée. 

« Je me demandais comment on pouvait aller aider et j’ai fait le processus d’application comme tout le monde », a-t-il résumé. 

À 56 ans, l’ultramarathonien n’a pas eu trop de difficulté à franchir les étapes pour se qualifier comme pompier forestier. Il n’avait pas de base en foresterie, mais sa grande forme physique et son désir d’apprendre lui ont servi. Il a reçu l’invitation pour se joindre à la base de la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU) de Havre-Saint-Pierre, début avril. 

« J’avais appliqué dans des bases un peu plus proches de chez moi, comme Mont-Tremblant, Duchesnay, La Tuque… », a-t-il dit. « J’ai fait go. Je sais que c’est loin, mais on va faire avec. » 

Il connaissait Sept-Îles pour être venu au Salon du livre de la Côte-Nord et le théâtre l’a mené aussi à Baie-Comeau, mais sans plus.  

« Le métier fait qu’on se déplace énormément en hélicoptère matin et soir. J’ai vu la Côte-Nord sous un angle que l’on voit plus rarement et j’ai vraiment un grand coup de cœur. » 

Patrice Godin au travail (à droite), en compagnie d’un collègue de la SOPFEU. Photo courtoisie

Au-delà de ça, Patrice Godin compte désormais « des amis pour la vie » sur la Côte-Nord. Il adore « sa petite gang » de la base du Havre, qu’il peinait à quitter pour quelques jours de congé et qu’il a déjà hâte de retrouver pour une prochaine saison.

Être à la hauteur

Lorsque les choses se sont corsées à Port-Cartier (1000 résidents évacués en juin), Patrice Godin était sur la première ligne de combat. Sa plus grande peur ce n’était pas le feu ni la densité de la forêt : c’était de « ne pas être à la hauteur ». 

« J’avais le désir de faire ça, donc je n’avais pas peur, je n’étais pas inquiet. Je regardais les pompiers expérimentés avec moi travailler et j’apprenais beaucoup. » 

À son arrivée dans les rangs de la SOPFEU, certains avaient des appréhensions sur la présence de l’acteur. 

« Qu’est-ce que je venais faire là, est-ce que c’était pour le fun, pour un rôle, pour écrire un livre ? Ce n’était rien de ça. Je suis vraiment venu apprendre le métier de pompier forestier, pour moi. Ce n’est pas l’acteur qui est venu ici. C’est vraiment moi qui est débarqué à la base », a-t-il assuré. 

D’ailleurs, Patrice Godin n’a pas accepté d’entrevue avant la fin de sa saison. Il n’a pas non plus publié beaucoup de photos sur ses réseaux sociaux. 

« Je veux qu’on parle de la SOPFEU, des hommes et des femmes qui travaillent ici, qui mettent leur vie en danger pour combattre les feux. C’est un métier qui comporte certains risques. » 

Patrice Godin en compagnie de l’équipe nord-côtière de la SOPFEU. Photo courtoisie

Ce sera donc un retour à Havre-Saint-Pierre pour Patrice Godin, en avril 2025. 

« Je vais probablement perdre des opportunités de rôles, mais je suis prêt à vivre avec ça. J’ai vraiment envie de faire ça et de continuer dans cette veine-là pendant un petit bout de temps », a-t-il dit. « Le temps que je vais être capable de faire la job, suffisamment en forme pour soutenir le travail qui est exigent, je ne vois pas pourquoi j’arrêterais. »